Elisabeth Borne en Algérie pour donner une "impulsion nouvelle" au rapprochement franco-algérien (Reuters)

"Le temps de l'incompréhension est derrière nous", a affirmé au site algérien TSA la Première ministre française, qui débutera son voyage par des gestes mémoriels.

Mme Borne déposera une gerbe au Monument des Martyrs, haut lieu de la mémoire algérienne de la guerre d'indépendance (1954-1962) face à la France, ainsi qu'au cimetière Saint-Eugène à Alger, où reposent nombre de Français nés en Algérie.

Prélude au voyage de Mme Borne, M. Macron s'est d'ailleurs entretenu dimanche matin au téléphone avec son homologue Abdelmadjid Tebboune, plaidant de nouveau pour la concrétisation du "partenariat renouvelé et ambitieux", selon l'Elysée.

Les présidents français et algérien avaient annoncé en août l'installation prochaine d'une commission d'historiens des deux rives mais elle est "encore en cours de constitution", selon Paris.

La cheffe du gouvernement français rencontrera et déjeunera lundi avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui avait conclu avec M. Macron le 27 août un "partenariat renouvelé" autour de six axes qui restent à concrétiser.

"Coopération économique"

Mme Borne présidera auparavant dimanche, avec son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane, la réunion du 5e Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), dont la dernière édition remonte à 2017, où il sera surtout question de "coopération économique".

Quelle que soit son issue, la tenue du CIHN en soi "est déjà une avancée" dans le dialogue politique, salue Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.

Le CIHN doit se conclure par la signature "d'accords", qui ne seront pas forcément des contrats d'entreprises et porteront sur la formation, la transition énergétique, la coopération économique, la jeunesse et l'éducation, ainsi que le régalien.

Il s'agit pour Paris de donner une "impulsion nouvelle" à la relation franco-algérienne "vers des projets concrets".

Toutefois sur l'autre question délicate des visas, "les discussions n'ont pas encore abouti", disait jeudi Matignon.

Les présidents des deux pays avaient fin août ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés à l'Algérie, en échange d'une coopération accrue d'Alger dans la lutte contre l'immigration illégale.

Cette question empoisonne la relation bilatérale depuis que la France a divisé par deux le nombre de visas octroyés à l'Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France.

Mme Borne n'emmène avec elle qu'un seul grand groupe, Sanofi, qui a un projet d'usine à insuline, et quatre PME : Générale Energie, qui envisage la construction d'une usine de recyclage et transformation de noyaux d’olives; Infinite Orbits, qui a un projet de premier microsatellite algérien; Neo-Eco, qui travaille sur le traitement des déchets comme l'amiante, et Avril, spécialisée dans la transformation de céréales.

De son côté Business France, structure publique chargée des investissements internationaux, emmène plusieurs dizaines d'entreprises venues pour le Forum des affaires franco-algérien, qui sera inauguré lundi par les Premiers ministres des deux pays.

Autre axe de la visite, la jeunesse, que Mme Borne rencontrera lundi au lycée français puis à l'ambassade, avec des représentants de la société civile algérienne.

"S'il n’est question ni de mémoire, ni de sécurité, ni de nos approvisionnements, à quoi va servir un déplacement d’une telle ampleur ?", s'est demandé vendredi la députée de l'opposition de droite (LR, Les Républicains) Michèle Tabarot.

AFP