"Deux décennies de niveau de vie perdues" au Royaume-Uni (TUC) (Reuters)

"Nous traversons la plus longue période de baisse des salaires réels depuis les temps napoléoniens" et, sous les gouvernements conservateurs qui se succèdent depuis 2010, "les pauvres se sont appauvris mais les riches se sont enrichis", a affirmé la dirigeante de la TUC, Frances O'Grady, dans un discours à l'ouverture de la conférence annuelle de la TUC mardi à Brighton.

"Si les ministres et employeurs continuent à taper sur les enveloppes de salaires au même rythme, les travailleurs britanniques sont partis pour deux décennies perdues de niveau de vie", a-t-elle ajouté.

La TUC dit s'attendre à ce que les salaires réels, c'est-à-dire corrigés de l'inflation, ne retrouvent qu'en 2028 leur niveau de 2008, avant la crise financière.

Les salaires réels au Royaume-Uni sont mangés par une inflation à quasi 10%, la plus élevée depuis 40 ans et la plus forte du G7. Le pays est aussi confronté à une croissance économique atone.

"Ce ne sont pas les gestionnaires de fonds spéculatifs qui gagnent de l'or en pariant sur l'effondrement de la livre" qui "créent la vraie richesse dans ce pays", mais "les gens honnêtes qui travaillent dur", admoneste encore Mme O'Grady.

La livre s'est récemment effondrée à son plus bas historique après un projet budgétaire qui a engendré une tempête sur les marchés britanniques.

Le gouvernement avait annoncé notamment d'importantes aides au paiement des factures d'énergie et des baisses des impôts favorisant les plus aisés.

Après un spectaculaire revirement à Downing Street et le limogeage du ministre des Finances à l'origine de ce plan, la devise britannique a repris des couleurs mais reste historiquement très déprimée.

"Downing Street dit que nous devons nous focaliser sur la croissance, pas sur la redistribution des richesses", a poursuivi la dirigeante syndicale.

"Et bien ils n'ont pas de plan de croissance mais ils en ont un pour la redistribution: ils lèvent le plafond des bonus pour les banquiers et baissent la paie des fonctionnaires", a-t-elle ajouté.

Le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt, nommé vendredi dans l'urgence, a averti qu'il allait prendre des "décisions très dures".

"Certains disent que Liz Truss doit partir" mais "tout ce gouvernement conservateur pourri doit partir", "nous avons besoin d'une élection générale maintenant", a conclu Mme O'Grady.

Les spéculations allaient bon train mardi sur un éventuel remplacement de la première ministre.

AFP