Un drone MQ-9 / Photo: Reuters (Reuters)

“Un drone américain de surveillance MQ-9 s'est échoué mardi en mer Noire à la suite de son interception par des avions de chasse russes”, a déclaré l'armée américaine, déplorant des manoeuvres "dangereuses" préalables à ce qui constitue le premier incident de ce type depuis le début de la guerre en Ukraine.

Les Etats-Unis n’ont aucun bâtiment de guerre déployé en mer Noire, mais envoient régulièrement des drones pour des missions de surveillance dans et autour de la région.

Un “acte involontaire”, selon Washington

Dans une déclaration à la chaîne américaine MSNBC mercredi, le porte-parole du département d'État américain, M.Ned Price a affirmé que le crash est probablement un “acte involontaire” de la part de la Russie.

"Je pense que la meilleure évaluation à l'heure actuelle est qu'il s'agit probablement d'un acte involontaire. C'est probablement le résultat d'une profonde incompétence de la part de l'un de ces pilotes russes", a-t-il ajouté, soulignant le "potentiel d'escalade" d'une telle collision.

"Non seulement c'est inacceptable, mais c'est aussi dangereux. Vous savez, le président Biden a un dicton qui dit que la seule chose pire qu'un conflit intentionnel est un conflit non intentionnel", a affirmé M.Price.

Ce mercredi, Moscou a également averti Washington de se tenir à l'écart de son espace aérien après l'incident de la veille, qui s'est toutefois produit dans l'espace aérien international, près du territoire que la Russie prétend avoir annexé à l'Ukraine.

Le pentagone accuse l'aviation russe d'avoir "intercepté et percuté" son drone et provoqué sa chute, propos démentis par la Russie.

"Notre appareil MQ-9 menait des opérations de routine dans l'espace aérien international quand il a été intercepté et touché par un appareil russe, provoquant sa chute et la perte totale du MQ-9", a dit le général James Hecker, responsable de la supervision de l'aviation américaine dans la région.

"Les actions agressives des équipages russes pourraient aboutir à des malentendus et à une escalade involontaire", insiste l'armée américaine dans le même communiqué.

C'est la première fois depuis le début de l'offensive russe en Ukraine qu'un pays de l'Otan, soutien de l'Ukraine, reconnaît perdre un équipement opéré par lui-même dans cette région hautement « inflammable ».

Lors d'un point de presse à Moscou mercredi soir, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a commenté les accusations du Pentagone concernant l'"interception dangereuse" par la Russie d'un drone américain MQ-9 Reaper. Il a déclaré que chaque pays "défendrait ses intérêts". M.Peskov a précisé qu'il n'y avait pas eu de contacts entre la Russie et les Etats-Unis après l’incident.

Interactions régulières en mer Noire

Selon le porte-parole du Pentagone, le brigadier général Pat Ryder, le drone était "incapable de voler et incontrôlable, donc nous l'avons fait descendre".

Il a indiqué qu'à ce stade, il n'y avait pas eu de contacts entre militaires russes et américains à ce sujet.

Le ciel de la mer Noire est le théâtre de très régulières interactions entre des drones et des aéronefs des pays de l'Otan et les forces armées russes, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le ministère russe de la Défense a déclaré quant à lui que le drone américain s'était échoué en mer à la suite d'une manœuvre brutale de sa part.

"Les chasseurs russes n'ont pas utilisé leurs armes, ne sont pas entrés en contact (avec le drone) et sont retournés en toute sécurité à leur base", a-t-il dit.

Si des interceptions de ce type ont déjà eu lieu par le passé, celle-ci est notable par son caractère "dangereux et non-professionnel", a déclaré la Maison blanche, qui a ajouté, ce mercredi, qu'elle “examinait les images collectées concernant l’incident”

La Turquie “suit de près” l’incident

Ankara a établi "plusieurs contacts" après la collision d'un avion russe avec un drone américain au-dessus de la mer Noire, a déclaré le ministre de la Défense nationale M. Hulusi Akar, ajoutant que la Turquie suit "de près" cet incident.

"Comme vous le savez, un incident s'est produit hier. Nous suivons cet événement de près. Nous avons établi plusieurs contacts", a déclaré M.Hulusi Akar, le ministre turc de la Défense devant la presse au parlement d'Ankara mercredi.

Ses remarques sont intervenues au lendemain du crash d’un avion de chasse russe avec un drone américain dans l'espace aérien international au-dessus de la mer Noire.

La Turquie est en faveur d'une "résolution raisonnable" de l'incident, a ajouté M. Akar.

Convocation de l'ambassadeur

Le coordinateur des communications stratégiques au conseil de sécurité nationale, M. John Kirby, a dénoncé un "acte irréfléchi" de la part des Russes, notant qu'il y avait déjà eu dans le passé des interceptions de drones américains par des avions russes, mais que cet incident était "unique" dans la mesure où il avait abouti à la perte du Reaper.

En guise de protestation, le département d'Etat américain a convoqué l'ambassadeur russe à Washington M. Anatoli Antonov, tandis que l'ambassadrice des Etats-Unis à Moscou Mme Lynne Tracy a adressé un message au ministère russe des Affaires étrangères.

"Nous sommes en contact directement avec les Russes, au niveau des hauts responsables, afin de leur transmettre nos vigoureuses objections face à cette interception", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.

L'armée russe a cependant démenti avoir provoqué la chute de l'appareil, tout en reconnaissant que deux de ses chasseurs avaient intercepté mardi le drone américain.

"A la suite d'une manoeuvre brutale vers 09H30 heure de Moscou (06H30 GMT), le drone MQ-9 a commencé un vol non contrôlé avec une perte d'altitude et a heurté la surface de l'eau", a indiqué le ministère russe de la Défense, précisant que ses deux chasseurs n'avaient pas fait feu et n'avaient pas eu de "contact" avec le drone et "sont rentrés sans encombre à leur base". Ce démenti a été contesté par M. Kirby.

Le ministère russe dit aussi que le drone a été détecté "dans la zone de la péninsule de Crimée" et qu'il avançait "en direction" des frontières de la Fédération de Russie.

Agences