Coup d’Etat au Niger: Jusqu'où ira la Cédéao? (Others)

Depuis le 2 août, les chefs d'état-major de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se réunissent à Abuja, la capitale nigériane, afin d’envisager une éventuelle intervention au Niger.

"L'option militaire est le dernier recours", a déclaré le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques et de la sécurité.

''Mais nous devons nous préparer à cette option", a tenu à clarifier Abdel-Fatau Mausah à l'ouverture de la réunion, allusion faite au principe d’intervention militaire au Niger pour rétablir le président déposé par l’armée

A Niamey, la junte refuse de céder "à toute menace d'où qu'elle vienne". Le chef des putschistes, le général Abderahmane Tiani, lors d'une allocation à la télévision nigérienne, a refusé "toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger."

Les nouveaux maîtres du Niger ont, du reste, reçu le soutien du Mali et du Burkina Faso. Les deux pays du Sahel ont prévenu qu'une intervention armée au Niger serait considérée comme une "déclaration de guerre" à eux tous. Ce qui entraînerait de facto leur retrait de la Cédéao.

La Cédéao est ferme

La tension est perceptible. Des manifestations de soutien à la junte se multiplient à Niamey. La France et l'Italie ont achevé l'évacuation de la plupart de leurs ressortissants du Niger, alors que beaucoup se demandent jusqu'où pourra aller la Cédéao, dans ce qui ressemble à un bras de fer avec le Niger. M. Bola Tinubu le nouveau président du Nigéria et actuel président de la Cédéao veut donner une nouvelle impulsion à cette organisation sous-régionale.

Lors de son discours d'investiture, il s'était clairement prononcé contre tout coup d'État en Afrique de l'Ouest. Le "cas nigérien" a valeur de test pour M. Bola Tinubu et la Cédéao.

Déjà très sollicitée sur le plan intérieur du fait de l'insécurité et de l'insurrection du groupe armé Boko Haram dans le Nord, l'armée nigériane devrait être "en première ligne" en cas d'intervention militaire de la Cédéao.

La Cédéao a une longue tradition d'intervention militaire dans la sous-région. Elle s'est souvent illustrée soit pour restaurer la paix ou alors rétablir l'ordre constitutionnel.

On se souvient que c'est au Liberia que les "casques blancs" sont intervenus pour la première fois en 1990 pour mettre fin à la guerre civile. S'ensuivront des opérations en Sierra Leone en 1997, en Côte d'Ivoire et en Guinée-Bissau en 1999. La dernière ingérence remonte à 2017, lorsqu'il a fallu faire partir l'ancien président Yahya Jammeh qui, après sa défaite, refusait de céder le fauteuil à M. Adama Barrow.

Sur un autre plan, la Cédéao a dépêché à Niamey un médiateur en la personne de l'ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar. Réussira-t-il à "ramener les putschistes à la raison" avant l'ultimatum? La réponse ne saurait tarder.

TRT Francais