Ce fut une longue bataille pour ces cinq femmes aujourd’hui septuagénaires. En première instance, la justice belge a estimé en 2021 que les faits étaient prescrits.
La Cour d’appel de Bruxelles a conclu différemment. Pour elle, ces "enlèvements systématiques" basés sur l'origine constituaient "un crime contre l'humanité", conformément au droit international applicable en 1946, après la Seconde Guerre mondiale.
L’avocate des plaignantes était ravie de la décision de la Cour. "C’est une victoire, un jugement historique", se réjouit Michèle Hirsch, l’avocate qui a porté ce dossier.
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C’est en effet la première fois qu’un État colonial est condamné pour des faits qui ont eu lieu durant la période de colonisation, ici au Congo (aujourd'hui République démocratique du Congo).
La Belgique est condamnée à verser 50 000 euros à chaque plaignante en guise d’indemnisation.
Une pratique courante dans les anciennes colonies
L’histoire de ces cinq femmes met sur le devant de la scène une pratique peu connue. Elles sont nées au Congo entre 1945 et 1950. A cette époque, les enfants métis étaient des enfants de la honte et du péché.
Ici, elles avaient des mères noires et des pères blancs. Elles ont été retirées à leurs mères sans leur consentement et placées dans des institutions religieuses.
Pour qu'elles ne retrouvent pas leur famille, leurs noms ont été changés et elles ont été déplacées dans d’autres régions du pays.
À l’indépendance du Congo, les institutions religieuses où elles vivent sont fermées. Certaines de ces jeunes enfants ont été abandonnées à leur sort. L’une d’entre elle n’avait que trois ans et demi.
Les historiens estiment que 15 000 à 20 000 enfants métis ont été retirés à leurs parents pendant la colonisation belge.