"Les circonstances qui ont obligé les forces combattantes du Burkina à quitter Seytenga doivent être élucidées" (AFP)

L’attaque perpétrée dimanche contre des civils dans la commune de Seytenga, dans le Sahel burkinabè, faisant au moins 79 morts, selon un bilan provisoire communiqué par les autorités burkinabées, a été largement condamnée par des organisations sous régionales, internationales et par la classe politique.

L’Union européenne (UE) "condamne" cette attaque " qui aurait fait plus d’une centaine de victimes civiles", indique un communiqué de la diplomatie européenne, qui se dit "d’autant plus choquée que le procédé utilisé par le groupe terroriste auteur de l’attaque, à savoir l’exécution systématique de toute personne rencontrée dans le village, est effroyable".

L’UE souhaite que la lumière soit faite sur les circonstances de cette tuerie, a-t-on ajouté précisant que le "terrorisme se nourrit de l’instabilité politique. Le retour de l’État et de ses services de base dans les régions périphériques doit rester une priorité des autorités de Transition".

Elle "reste prête à envisager un renforcement de sa coopération avec le Burkina Faso, tout en soulignant l’importance d’une mise en œuvre rapide des priorités stratégiques de la Transition ainsi qu’une perspective crédible de retour à l’ordre constitutionnel, en lien étroit avec la CEDEAO".

À son tour, la CEDEAO a condamné l'attaque dans un communiqué . "Le président de la Commission de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), condamne fermement ces attaques barbares et exprime au gouvernement de la Transition et au peuple burkinabé, sa compassion et sa solidarité", a-t-on indiqué.

Avant cette attaque, c'est la Brigade de gendarmerie de Seytenga qui a été attaquée jeudi, tuant 11 gendarmes. Dans la même province, 4 policiers ont été tués dimanche à Yakouta.

Pour l’Union pour le progrès et le changement (UPC, un parti proche du président déchu Roch Marc Christian Kaboré), "les circonstances qui ont obligé les forces combattantes du Burkina à quitter complètement Seytenga, une localité assaillie par des terroristes, une zone frontalière et stratégique de surcroît, méritent d’être élucidées".

"Il importe que les responsabilités soient situées, que les fautifs soient sanctionnés, et que les leçons soient tirées, pour éviter à l’avenir, un tel drame qui heurte la conscience collective", a-t-il préconisé.

Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, le parti du président Roch Marc Christian Kaboré) a pour sa part expliqué qu’un bilan provisoire actualisé du gouvernement fait état de 79 morts.

Toutefois, a-t-il soutenu, "plusieurs sources locales parlent de plus de 150 civils systématiquement exécutés au cours de cette seule nuit".

"A l’instar de tous les Burkinabés, nous nous demandons comment est-ce encore possible que dans un périmètre aussi stratégique, des terroristes puissent commettre allègrement une telle barbarie pendant plusieurs heures sans être inquiétés ?", s’est interrogé le parti de Kaboré.

"Devant la tournure de plus en plus dramatique de cette guerre contre le terrorisme, nous devons répondre avec courage aux questions suivantes : le diagnostic fait par les nouveaux tenants du pouvoir qui leur a servi de prétexte au coup d’État du 24 janvier 2022 était-il exact et justifié ? La stratégie et la tactique mises en œuvre pour mener la lutte contre l’hydre terroriste sont-elles efficaces ?", a-t-on ajouté.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, le parti politique de l’ex-président Blaise Compaoré), a pour sa part invité les autorités au renforcement de la coopération avec les pays voisins et les partenaires traditionnels du Burkina Faso pour endiguer l’hydre terroriste et libérer le pays.

Il a réitéré son appel à l’endroit des organisations internationales (ONU, Union africaine, Union européenne, CEDEAO, UEMOA, OIF…), des partenaires techniques et financiers du Burkina pour "un appui conséquent au peuple burkinabé, tenaillé par la guerre et la faim".

Cette attaque a occasionné le déplacement de 8 323 personnes vers la ville de Dori, le chef-lieu de la région, selon les autorités.

Un deuil national de 72 heures a été décrété à compter de mardi, par le président burkinabè.

AA