Manifestation contre l'inaction face au changement climatique / Photo: AA (AA)

Après douze jours de marathon et quatre ans de négociations, le texte inédit issu des discussions des 196 "parties" à la conférence sur le climat, tenue du 30 novembre au 12 décembre 2015 en France, aboutit à l'adoption de l'accord de Paris. À ce jour, 194 Etats l’ont ratifié.

Ce pacte représente le premier engagement contraignant de la communauté internationale, visant à maintenir la hausse de la température mondiale "bien en deçà de 2°C" par rapport à l'ère préindustrielle, avec une aspiration à limiter la hausse à 1,5°C.

De plus, l'accord de Paris établit l'objectif de zéro émission nette, cherchant un équilibre entre les émissions humaines et l'absorption par les puits de gaz à effet de serre d'ici la deuxième moitié du siècle. Bien que ce traité n’impose pas spécifiquement aux pays des objectifs contraignants, sa mise en œuvre relève de la responsabilité nationale.

Comment l’accord est-il mis en pratique ?

La mise en œuvre de l'Accord de Paris requiert une transformation économique et sociale basée sur les meilleures données scientifiques disponibles. Ce cadre opère sur un cycle de cinq ans, au cours duquel les pays s'engagent dans des actions climatiques de plus en plus ambitieuses. Avant la fin de 2020, les pays devaient présenter leurs contributions nationales déterminées (NDC), qui représentent leurs plans d'action climatique.

Les contributions nationales déterminées (NDC) servent de plateforme pour que les Etats détaillent les mesures qu'ils entreprendront afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, s'alignant ainsi sur les objectifs de l'Accord de Paris. De plus, les pays y décrivent les initiatives qu'ils mettront en place pour renforcer leur résilience face aux impacts de l'élévation des températures.

Un soutien financier et technologique

L'Accord de Paris établit un cadre visant à fournir un soutien financier et technique ainsi que t le renforcement des capacités aux pays qui en ont besoin. En ce qui concerne le financement, l'Accord de Paris réaffirme que les pays développés doivent prendre l'initiative de fournir une assistance financière aux pays moins fortunés et plus vulnérables. Il encourage également, pour la première fois, les contributions volontaires d'autres parties. En matière de technologie, l'accord envisage une réalisation complète du développement et du transfert de technologies visant à renforcer la résilience au changement climatique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Concernant le renforcement des capacités, l'Accord de Paris accorde une grande importance à l'amélioration des compétences des pays en développement face aux défis posés par le changement climatique. Il exhorte tous les pays développés à renforcer leur soutien aux actions de renforcement des capacités dans les pays en développement.

Des comptes à rendre à partir de 2024

Avec l'Accord de Paris, les pays ont instauré un cadre de transparence renforcée (ETF). À partir de 2024, dans le cadre de cet ensemble de règles, les pays rendront compte de manière transparente des mesures prises et des progrès accomplis en matière d'atténuation du changement climatique, d'adaptation aux impacts climatiques, ainsi que du soutien fourni ou reçu. Ce cadre prévoit également des procédures internationales pour l'examen des rapports soumis.

Un accord critiqué

L’accord est critiqué par beaucoup de politiques et militants car depuis sa signature, hormis des rapports de plus en plus alarmants, pas grand-chose a été réalisé.

La militante suédoise Greta Thunberg condamnait notamment les "objectifs hypothétiques et lointains" et les "promesses vides" des dirigeants mondiaux.

"L’accord de Paris est avant tout un narratif, une histoire que nous nous sommes racontée, dans laquelle la communauté internationale agirait de concert pour limiter le réchauffement et aiderait les pays les plus pauvres à s’adapter", estime de son côté le politiste et sociologue Stefan Aykut, coauteur du livre “Gouverner le climat ?”.

"L’accord sur le climat était un pas dans la bonne direction pour la politique climatique internationale. Mais dans sa forme actuelle, il est au mieux inadéquat et au pire largement inefficace", résume Lewis Carl King, de l’institut de recherche ICTA en Espagne.

TRT Francais