Le premier ministre britannique à l'époque Tony Blair et  son homologue irlandais Bertie Ahern lors de la signature de l'accord de paix / Photo: Reuters (Reuters)

Le 10 avril 1998, le jour du Vendredi Saint précédant Pâques chez les chrétiens, les républicains favorables à une réunification avec l'Irlande et les unionistes attachés au maintien au sein du Royaume-Uni décrochaient un accord de paix inespéré après d'intenses négociations impliquant Londres, Dublin et Washington.

L'accord a mis fin à trois décennies de violences qui ont fait 3.500 morts, entre unionistes, surtout protestants, et républicains en majorité catholiques, avec l'implication de l'armée britannique.

Un quart de siècle plus tard, l'heure n'est pas à la fête, entre blocage politique et inquiétudes sécuritaires.

De nombreuses personnalités politiques sont attendues dans la semaine, au premier rang desquelles le président américain Joe Biden, qui a des origines irlandaises et qui arrive mardi soir à Belfast, où il sera accueilli sur le tarmac par le Premier ministre britannique Rishi Sunak.

"Nous nous souvenons aujourd'hui du début d'un nouveau chapitre pour l'histoire du peuple nord-irlandais", a indiqué dans un communiqué Rishi Sunak, qui n'avait que 17 ans au moment de la signature de l'accord.

- Blocage politique -

Il a affirmé que l'anniversaire était l'occasion de "célébrer ceux qui ont pris des décisions difficiles, accepté des compromis et fait preuve de leadership".

Dans les années qui ont suivi l'accord de paix, les groupes paramilitaires ont été désarmés, la frontière militaire démantelée et les troupes britanniques sont parties. Mais l'anniversaire est commémoré sans liesse tant la paix en Irlande du Nord semble aujourd'hui plus fragile que rarement depuis 1998.

Les institutions locales -créées à la suite de l'accord et censées allier les communautés- sont paralysées depuis plus d'un an en raison de désaccords liés aux conséquences de la sortie de l'Union européenne.

Le parti unioniste DUP -viscéralement attaché à l'appartenance de la province au Royaume-Uni- refuse de participer au gouvernement tant que les dispositions post-Brexit (contrôles douaniers, application de certaines règles européennes...) visant à éviter le retour d'une frontière physique avec l'Irlande n'auront pas été abandonnées.

Une renégociation du protocole entre l'UE et le Royaume-Uni, censée répondre aux inquiétudes des unionistes, a été rejetée par le DUP ces dernières semaines.

Dans ce contexte déjà difficile à l'approche des commémorations, l'Irlande du Nord a relevé son niveau de la menace terroriste après la tentative d'assassinat d'un policier en février revendiquée par des membres d'un groupe républicain dissident.

Pour la venue de Joe Biden dans la province, plus de 300 agents venus du reste du Royaume-Uni devraient être mobilisés.

- "Soutien international" -

Si "les 25 dernières années ont connu des hauts et des bas", a admis Gerry Adams, ancien dirigeant du parti républicain Sinn Fein, "une chose est sûre, nous sommes tous dans une meilleure situation" aujourd'hui.

L'accord du Vendredi Saint, "comme nous le verrons lors de la visite du président Biden cette semaine, continue de bénéficier d'un soutien international considérable de la part de nos alliés les plus proches", a aussi rappelé M. Sunak.

Le Premier ministre doit organiser pour l'occasion un "dîner de gala" et participer à une conférence commémorative à l'université Queen's de Belfast. L'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton -dont le mari Bill Clinton a joué un rôle clef dans l'accord de paix quand il était président américain- doit également participer à cette conférence organisée sur trois jours.

De son côté, Joe Biden souhaite profiter de sa visite pour "marquer les progrès considérables accomplis depuis la signature de l'accord" et rappeler "la volonté des Etats-Unis de soutenir le vaste potentiel économique de l'Irlande du Nord", selon la Maison Blanche.

Le président américain se rendra ensuite en République d'Irlande, dans la capitale Dublin mais aussi dans les comtés de Louth (est) et de Mayo (ouest), d'où viennent ses ancêtres qui ont émigré au milieu du XIXe siècle, fuyant comme tant d'autres une Irlande ravagée par la famine, pour finalement s'établir en Pennsylvanie.

AFP