L'accord avait permis en un an d'exporter 33 millions de tonnes de grains malgré la guerre en Ukraine/ Photo: AA (AA)

L'Union européenne a appelé les puissances du G20 à faire pression sur la Russie pour qu'elle revienne à l'accord autorisant les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire, selon une lettre du chef de la diplomatie de l'UE.

Dans ce courrier daté de lundi et envoyé aux ministres des Affaires étrangères du G20, Josep Borrell estime que le secteur agricole russe est le "principal bénéficiaire" du retrait de cet accord négocié par l'ONU et que Moscou a refusé de reconduire mi-juillet, entraînant aussitôt un renchérissement des prix des céréales sur les marchés.

"La Russie bénéficiera davantage de la hausse des prix alimentaires et accroîtra sa propre part de marché sur le marché mondial des céréales en limitant drastiquement la capacité d'exportation de son principal concurrent", souligne M. Borrell.

En proposant aux pays vulnérables, notamment en Afrique, de leur livrer des céréales à prix réduit, la Russie "fait semblant de résoudre un problème qu'elle a elle-même créé", poursuit-il.

"Il s'agit d'une politique cynique consistant à recourir délibérément à la nourriture comme une arme, afin de générer de nouvelles dépendances en exacerbant les vulnérabilités économiques et l'insécurité alimentaire mondiale", insiste le chef de la diplomatie européenne.

"Je voudrais demander votre soutien pour exhorter la Russie à reprendre les négociations, ainsi qu'à s'abstenir de cibler l'infrastructure agricole de l'Ukraine", écrit Josep Borrell à ses homologues du G20.

Ces derniers jours, des attaques de drones russes ont visé des sites portuaires ukrainiens du Danube, cruciaux pour ses exportations.

Selon M. Borrell, la Russie pourrait être persuadée de revenir à l'accord céréalier "si la communauté internationale parle d'une voix claire et unifiée".

Les Vingt-Sept tentent déjà de convaincre des puissances du G20, comme l'Inde et le Brésil, de dénoncer la non-reconduction de l'accord, et de montrer aux pays en développement - sensibles aux arguments de Moscou - que la Russie est responsable de la volatilité des prix alimentaires.

L'UE entend par ailleurs muscler ses "corridors de solidarité", des voies terrestres et fluviales à travers l'Europe permettant l'acheminement des céréales ukrainiennes vers le reste du monde.

Les sanctions européennes contre la Russie ne visent pas les exportations de grains et d'engrais vers des pays tiers, et l'ONU prévoit des moyens de garantir les paiements pour les transactions avec des entités russes, rappelle également M. Borrell.

Agences