La députée démocrate Ilhan Omar quitte la commission des Affaires étrangères à la chambre des représentants/Reuters (Reuters)

La Chambre des représentants au Congrès américain, contrôlée par les Républicains, a adopté une motion pour exclure la députée démocrate Ilhan Omar d’une puissante commission, au motif d’avoir tenu par le passé des propos jugés "antisémites".

Les Démocrates, quant à eux, considèrent que la décision n’est autre qu’un acte de vengeance en réponse à d’autres expulsions survenues lors de la précédente législature.

L’élue démocrate a été évincée par 218 représentants républicains qui ont voté pour, tandis que 211 représentants démocrates ont voté contre.

Ilhan Omar en ligne de mire

Réfugiée somalienne, Ilhan Omar a fui la guerre qui sévissait dans son pays et s’est installée en 1995 dans le Minnesota. Depuis son élection le 6 novembre 2018 pour représenter une circonscription de l'État à la Chambre des représentants, elle ne cesse de faire couler l’encre.

La députée a, depuis lors, été la cible préférée de la droite américaine. La campagne contre Omar a été initiée par l’ancien président américain Donald Trump et ses partisans qui multipliaient les attaques à son égard pour sa position critique vis-à-vis d’Israël.

Ilhan Omar a toujours dénoncé "la volonté de Trump et de ses supporters de faire taire le débat démocratique et les divergences d’opinion dans le pays".

En 2019, la députée s’était excusée d’avoir déclaré que le soutien des Républicains à Israël était alimenté par les dons financiers d’un lobby pro-israélien.

Cinq ans auparavant, avant d’être élue, elle avait affirmé qu’Israël "hypnotisait le monde", demandant à ce que les gens ouvrent les yeux sur les "méfaits" de l’allié des Etats-Unis.

Omar a depuis répété qu'elle n'était pas consciente à l'époque que ses remarques jouaient sur des "stéréotypes antisémites".

Contre-attaque des Républicains

Ilhan Omar est la troisième élue démocrate à être dépouillée de son siège dans une commission parlementaire par les Républicains cette année.

Dans un discours devant les élus du Congrès, peu avant le dépouillement des votes, Ilhan Omar avait déclaré : "Je suis musulmane. Je suis une immigrante d’Afrique. Est-ce que quelqu'un est surpris que je sois prise pour cible ? Est-ce que quelqu'un est surpris que je sois jugée indigne de parler de la politique étrangère américaine ? "

Omar a ajouté que son leadership et sa voix ne seront pas diminués, poursuivant: "Si je ne fais pas partie de cette commission pendant un mandat, ma voix deviendra de plus en plus forte (…) Peu importe vos votes. Je suis ici pour rester et je suis ici pour être une voix contre l'injustice et en faveur d'un monde meilleur".

Selon les Républicains, les Démocrates ont créé "une nouvelle norme" lorsqu’ils avaient le contrôle des deux chambres du Congrès, ayant expulsé Marjorie Taylor Greene et Paul Gosar de certaines commissions, après les avoir accusés d’avoir appelé à la violence contre leurs opposants politiques.

Selon le leader des Démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, les remarques d’Ilhan Omar ont déjà fait l’objet de procédures disciplinaires appropriées. Il s’agit maintenant d’une "vengeance politique", d’après lui.

La représentante Alexandria Ocasio-Cortez a pour sa part fustigé les Républicains de la chambre pour avoir adopté la résolution d’exclure Ilhan Omar de la commission des Affaires étrangères.

"Il s’agit de cibler les femmes de couleur aux Etats-Unis", a dit Cortez, ajoutant qu’il n’y a rien de cohérent dans les attaques continues du Parti républicain à l’exception du racisme et de l’incitation à la violence contre les femmes de couleur dans cette institution".

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