Erdogan a accordé une interview à l'émission télévisée NewsHour de la chaîne américaine PBS (AA)

La Turquie se mobilise pour résoudre une crise d'otages entre la Russie et l'Ukraine afin d’apaiser les tensions entre les deux pays, a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Nous travaillons actuellement afin de résoudre la crise des otages. Nous prenons des mesures et nous avons atteint une certaine phase. Nous avons également pris des mesures concernant le corridor céréalier", a déclaré le président Erdogan lors d'une interview accordée à l'émission télévisée NewsHour de la chaîne américaine PBS, diffusée lundi.

Après une visite de deux jours en Ouzbékistan, Erdogan se trouve actuellement à New York pour assister à la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies et s'entretient en marge de celle-ci avec des chefs d'État et de gouvernement.

"J'ai eu des entretiens approfondis avec (le président russe Vladimir) Poutine en Ouzbékistan. Je me suis rendu compte qu'ils essaient en fait d'en finir le plus vite possible. Cette situation est un gros problème", a déclaré Erdogan.

"A ce stade, par exemple, un accord a été conclu sur l'échange de 200 otages. C'est une bonne évolution. Une étape très importante a été franchie.", a-t-il ajouté.

Erdogan a souligné qu'il avait dit à Poutine et à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky qu'"il n'y a pas de gagnant dans une guerre qui se termine par des morts."

Le président turc a rappelé que son pays a suivi une politique équilibrée entre la Russie et l'Ukraine depuis le début de la guerre et a privilégié une écoute des deux parties. "C'est pourquoi nous souhaitons obstinément réunir ces dirigeants. Réunissons-les. Je veux tout entendre d'eux. Nous n'avons pas encore réussi, mais je ne perds pas espoir", a-t-il ajouté.

Exportation des céréales russes

À propos du corridor céréalier, le président Erdogan a réitéré son souhait de voir les exportations de céréales en provenance de Russie démarrer rapidement. "Mon seul désir est d'assurer l'expédition de produits vers les pays sous-développés ou pauvres, et non vers les pays développés." a-t-il indiqué.

La Turquie, l'ONU, la Russie et l'Ukraine ont signé le 22 juillet à Istanbul, un accord visant à reprendre les exportations de céréales depuis trois ports ukrainiens de la mer Noire, interrompues après le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne.

Depuis que le premier navire a pris la mer, le 1er août, dans le cadre de l'accord, quelque 150 navires ont embarqué à leur bord plus de 3 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens.

Relations avec les États-Unis et dossier de vente des F-16

Sur les relations bilatérales avec les États-Unis, Erdogan a déclaré qu’elles ne sont pas "à leur point idéal".

Le président turc a indiqué que le volume du commerce bilatéral entre les deux pays n'a pas atteint le niveau souhaité, établi pendant le mandat du président américain Donald Trump à 100 milliards de dollars.

"En d'autres termes, le volume des échanges entre la Turquie et les États-Unis ne devrait pas être de 20, 25 ou 30 milliards de dollars. Nous devons dépasser ces chiffres. En outre, nous ne sommes pas encore au niveau souhaité dans le domaine de l'industrie de la défense", a ajouté Erdogan.

S'agissant de la question des chasseurs F-16, Erdogan a déclaré que les États-Unis faisaient "du tort" à un pays ami en prenant une décision politique défavorable à la Turquie.

Ankara a demandé les F-16 et les kits de modernisation en octobre dernier. L'accord de 6 milliards de dollars comprendrait la vente de 40 F-16 et de kits de modernisation pour 79 appareils que l'armée de l'air turque compte dans son arsenal.

Cependant, la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé en juillet une loi dressant un nouvel obstacle devant cette transaction.

Elle interdit en effet toute vente à moins que le président Joe Biden ne certifie que cette cession est dans l'intérêt national des États-Unis et ne garantisse au Congrès que, dans les 120 jours précédant la transaction, le gouvernement turc n'a pas "violé la souveraineté de la Grèce, y compris par des survols du territoire".

La Turquie, pour sa part, a clairement indiqué que les conditions liées à la Grèce ne sont pas "contraignantes" et a exprimé l'espoir que les États-Unis ne se laissent pas prendre à de tels " stratagèmes."

Erdogan a également critiqué les États-Unis pour avoir accordé toutes sortes de soutien à la Grèce pour les avions à réaction F-16, mais sans soutenir Ankara dans ce dossier.

"Dans ce cas, le devoir de la Turquie est de se prendre en charge. Autrement, il n'y a pas de problème avec l'Amérique", a-t-il ajouté.

Erdogan a tenu lundi une réunion à huis clos avec le sénateur américain Lindsey Graham, qui avait déjà déclaré qu'il soutenait la décision de l'administration Biden de vendre des chasseurs F-16 à la Turquie.

AA