Mikel Arteta, l'entraîneur d'Arsenal / Photo: Reuters (Reuters)

Trois nuls lors des trois dernières journées ont toutefois un peu écorné leurs chances de détrôner Manchester City, qu'ils iront défier mercredi pour la 33e journée avec cinq points d'avance mais deux matches de plus au compteur.

Même si Arsenal n'a lâché la première place qu'une fois depuis la 3e journée, les ordinateurs du spécialiste des statistiques Opta ne lui donnent que 22% de chances de finir champion, contre 78% à City.

Une deuxième place pourrait paraître cruelle après un tel parcours, mais les chances de titre n'étaient que de 0,13% au début de la saison, toujours selon Opta, quand celles de City étaient de 47%. Finir dauphin serait finalement aussi un succès pour un club qui attend un sacre depuis 19 ans et qui est sevré de Ligue des champions depuis six ans.

Quoiqu'il arrive, la nomination en décembre 2019 d'Arteta, ancien joueur du club et sans aucune expérience comme entraîneur principal à l'âge de 37 ans seulement, restera un coup de maître.

Plus encore que le flair des dirigeants d'avoir débauché le disciple de Pep Guardiola, la façon dont ils ont tenu bon malgré des premières saisons erratiques, tout en le soutenant avec des investissements importants sur le marché des transferts, devrait inspirer plus d'un club anglais.

Trajectoire à la Ferguson ?

Les comparaisons avec Alex Ferguson qui a reconstruit progressivement Manchester United pour y passer 27 ans constellés de titres, fleurissent déjà.

Car si sa première demi-saison sur le banc avait été couronnée par une victoire en Coupe d'Angleterre, sa première saison pleine (2020/2021) avait été marquée par une longue mauvaise passe. Huit défaites en douze journées entre septembre et décembre 2020 avaient temporairement placé Arsenal dans la course au maintien, avec une 15e place.

Le point bas a sans doute été atteint au début de la saison suivante, justement après un déplacement à City, en août 2021, pour la 3e journée du championnat.

Humiliés 5-0 à l'Etihad, après avoir été battu par le promu Brentford (2-0) et à domicile dans le derby contre Chelsea (2-0), Arsenal était bon dernier, après avoir fini les deux saisons précédentes largué à la 8e place.

Personne ne semblait comprendre le jeu que l'Espagnol voulait faire pratiquer à son équipe alors que l'effectif avaient été bien chamboulé avec les arrivées de Aaron Ramsdale, Ben White, Gabriel, Thomas Partey ou Martin Odegaard, et l'Emirates grondait d'impatience.

Pourtant, soutenu presque aveuglément par le directeur sportif Edu, l'homme le plus influent à Arsenal, Arteta a toujours eu les coudées franches.

Façonner l'effectif

Que ce soit pour Mesut Özil, Pierre-Emerick Aubameyang, Nicolas Pépé ou Alexandre Lacazette, aucun palmarès, aucun contrat mirobolant, aucune indemnité de transfert ni des années de bons et loyaux services n'ont entravé les choix forts du coach pour façonner l'effectif.

Une fin de saison dernière mal maîtrisée a fait rater de peu la 4e place qualificative pour la C1 mais les recrutements estivaux de Fabio Vieira et surtout de Gabriel Jesus et Oleksandr Zinchenko, anciens de City, ont été un nouveau signe fort de confiance.

Même l'image des propriétaires américains, la famille Kroenke, s'est considérablement améliorée, alors qu'il y a tout juste deux ans, impliqués dans le projet de Super Ligue européenne semi-fermée, leur départ était réclamé lors d'une manifestation massive de supporters devant le stade.

"On doit reconnaître notre erreur. Les Kroenke ont dépensé beaucoup d'argent et il a été bien dépensé", a admis l'humoriste Ian Stone qui anime le podcast sur les Gunners "Handbrake Off" (Lâchez le frein à main), sur le site The Athletic.

"Je suis impressionné. Peut-être qu'on devrait refaire une manifestation pour nous excuser", avait-il ajouté.

"Le plus grand compliment qu'on puisse faire à Arsenal (...) c'est de l'avoir soutenu dans les mauvais moments et de lui avoir fait confiance", avait aussi déclaré Guardiola, fin janvier, même si mercredi, il fera tout pour qu'Arsenal doive encore faire preuve d'un peu de patience avant de regagner le titre.

AFP