Cinq ans après son accession à l’Élysée, le président se targue que l’économie se porte mieux à travers deux indicateurs : le taux de croissance et le taux de chômage. (AP)

Un quinquennat sous haute tension. Le mandat présidentiel de Macron de 2017 à 2022 a été marqué par la crise politique de l’affaire Benalla, le mouvement des gilets jaunes, la réforme des retraites et la crise sanitaire de Covid-19. Le déclenchement de l’offensive en Ukraine et le retrait des troupes françaises du Mali ont mis à rude épreuve le sprint final de son mandat. Autant de facteurs qui ont lourdement impacté sa marge de manœuvre politique et diplomatique au niveau interne et externe.

Economie : la croissance au rendez-vous et baisse du chômage

Une fois aux commandes de l’Elysée, la promesse phare de Macron était de libérer le travail et l'esprit d’entreprise afin de favoriser le retour de la croissance, la baisse du chômage et la hausse du pouvoir d’achat des Français. Cinq ans après son accession à l’Élysée, le président se targue que l’économie se porte mieux à travers deux indicateurs : le taux de croissance et le taux de chômage. Chiffres à l’appui : le taux de croissance a atteint 7% en 2021 avec la plus forte progression du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro. Quant au taux de chômage, il est tombé à 7,4% au quatrième trimestre 2021, un niveau qu’il n’avait plus connu depuis 2008.

Quid de ses promesses aux entreprises ? Macron a diminué le taux de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 % en 2022 tout en allégeant le coût du travail à travers la réallocation des 20 milliards d’aide annuels du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). La réforme du Code du travail a été aussi accélérée pour permettre aux employeurs de licencier plus facilement.

Parallèlement, le président sortant a réussi la mise en place en 2018 de sa promesse de son « Fonds pour l'industrie et l'innovation » doté de 10 milliards d'euros issus des actions d'entreprises possédées de manière minoritaire par l'Etat.

Autre mesure phare adoptée sous son quinquennat, la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et la création du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital pour booster les investissements dans les entreprises et dans l’économie réelle.

Sur un autre registre, la France sous Macron a réussi à mettre en place une taxation à hauteur de 3% du chiffre d'affaires des « grandes entreprises de l'Internet ».

Malgré ses performances économiques surtout dans un contexte de crise sanitaire, le président Macron n’a pas réussi à faire aboutir le chantier de la réforme de la retraite et sa promesse de mise en place d’un système universel de retraites sur la base du principe qu'un euro cotisé ouvre les mêmes droits pour tous et ce, tout en assurant qu’il n’y aurait pas de réforme de l’âge de la retraite ni de baisse de pensions. Un échec interne qui s’ajoute aux critiques au sujet de son bilan diplomatique sur la scène internationale.

Politique étrangère : impuissance de la France sur la scène internationale ?

En effet, depuis son élection en 2017, Macron s’est auto-attribué le rôle de « médiateur en chef » qui ambitionne de renforcer la puissance de la France sur la scène internationale. L’offensive russe en Ukraine était l’occasion pour qu’il se positionne en tant que médiateur proactif face aux ambitions de Vladimir Poutine. Une médiation qui a échoué d’empêcher le président russe de déclencher la guerre de l’Ukraine et la reconnaissance des deux républiques séparatistes du Donbass.

A l’échec de la médiation française en Ukraine s'ajoute le revers diplomatique en Afrique après l’annonce en février dernier du retrait des troupes françaises du Mali, où la France était engagée depuis neuf ans dans la lutte contre les groupes armées, menée dans l’ensemble du Sahel.

Au-delà de ces deux échecs majeurs qui coïncident avec le sprint final de son mandat, Macron n’a pas réussi à convaincre le président américain Donald Trump de changer d’avis sur deux dossiers majeurs : le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat et l’accord nucléaire iranien. Même bilan d’impuissance lors du processus d’intermédiation sur les dossiers de la Libye et le Liban.

Autre fait marquant du mandat Macron, sa déclaration agaçante à propos de la « mort cérébrale » de l’OTAN qui a provoqué un certain émoi auprès de ses alliés en Europe et aux Etats-Unis. Une déclaration paradoxale par rapport à son positionnement de début de mandat, destiné à défendre le rêve d’une Europe avec une défense commune.

Ce bilan économique et diplomatique mitigé pèsera certainement sur le choix des électeurs pour les élections présidentielles dont le premier tour est prévu le 10 avril.

TRT Francais