Les sources du conflit malien et la rupture de la relation franco-malienne (Reuters)

L’espace sahélo-saharien était un eldorado où nomades asiatiques et autres nationalités de divers horizons vaquaient à leur activités.

Le nord du Mali, et plus précisément Gao, épicentre de la problématique actuelle de la guerre au Mali « représentait une zone importante d’échanges commerciaux de par sa position centrale dans la région ». Or, la naissance des frontières africaines a altéré le commerce existant entre les États du Sahel et les pays d’Afrique du Nord et des rivalités ont commencé à percer pour le contrôle des marchandises », décrivait un analyste de la question malienne.

Dans les années 1970 et 1980, plusieurs sécheresses violentes ont sévi dans la région, rendant difficile l’accès aux ressources et ont engendré un exode rural massif des populations, notamment, des Touaregs qui ont rejoint leurs pairs dans des pays voisins telle que la Libye, enrichis grâce à l’exploitation des hydrocarbures. Certains ont rejoint le Niger.

Cela a ravivé des tensions préexistantes au Nord-Mali qui était déjà une région « délaissée par les élites du Sud après l’indépendance ».

Les années 2000 sont marquées par un bouleversement géopolitique régional : l’explosion du trafic de drogue est couplée à l’irruption du terrorisme salafiste dont les groupes armés vont mobiliser leurs ressources au Nord-Mali et pour qui le contrôle du territoire devient un enjeu déterminant.

De 2008 à 2012, le Nord-Mali devient l’épicentre régional des trafics et manipulations dite du terrorisme « islamiste ». Ce bouleversement entraîne la présence de puissances étrangères occidentales qui suivent une rhétorique sécuritaire et se déploient dans la région. Ainsi, est née l’opération Serval de l’Armée Française en 2013 et qui deviendra Barkhane en 2014.

La mort de Mouammar Kadhafi en 2011 a largement contribué à la prolifération des armes dans la zone pour enfin renforcer la capacité des contrebandiers.

Les principales causes fragilisant la stabilité de l’État malien et inhérentes à celui-ci.

Deuxièmement, l’armée malienne est décrite comme étant une hiérarchie sous tensions, caractérisée, non seulement par un manque de compétences, des inégalités entre généraux et soldats et des tensions ethno-régionales autour des Touaregs, mais aussi par un déséquilibre induit par l’injection d’aides financières de la part des puissances occidentales qui ont favorisé une politique sécuritaire en investissant dans l’armée plutôt que dans les aides au développement.

Au lieu de traiter la « question touarègue » et la situation d’oppression dénoncée par les diverses rébellions touarègues depuis cinquante ans, les puissances semblent avoir favorisé la « logique de la force et de la terreur pour dégager les espaces utiles à leurs projets miniers et à leurs aires d’influence »

Ce sont donc les facteurs de déstabilisation externes à l’État malien et qui portent à la fois sur les raisons de l’intervention militaire française au Mali et sur le nouveau « grand jeu » des puissances étrangères au Sahel.

Ce constat prend directement racine dans la façon dont la France est intervenue militairement au Mali puisqu’il semble que cette intervention soit à l’inverse de la stratégie française officielle visant plutôt des interventions indirectes avec un appui logistique et complémentaire des forces africaines, telles que la CEDEAO. Or, dans ce cas précis, la France serait intervenue sans base légale apparente, déployant des milliers d’hommes au sol et ce, dès août 2012, et avec l’aide de « supplétifs inattendus » : les Tchadiens et les Touaregs du MNLA.

Pour comprendre l’intervention militaire française, il faut se référer à la notion de Françafrique qui est l’entremêlement de divers facteurs : une indépendance formelle des ex-colonies, une dépendance politico-militaire vis-à-vis de l’État français, un monopole français des matières premières, des liens économiques et monétaires et la présence de coopérants.

Alors que la junte militaire au pouvoir veut en découdre avec cette pratique, la France qui s’est habituée à tirer profit des mines du Mali ne veut pas donner la chance à celle-ci de propager cette idée.

En outre, les Russes avec l’invasion africaine qui se manifeste par la présence des Wagner en Afrique constitue un réel danger pour l’intérêt français, surtout en Centrafrique où la France s’est vue remplacer par Wagner.

L’expulsion de l’Ambassadeur de France constitue le point d’orgue de la discorde entre la France et le Mali. Mais la France ne compte pas facilement abandonner « le morceau » car sa stratégie de la dépendance des minerais africains en dépend.

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