Violences après le match France-Maroc: une ultra-droite débridée à la manœuvre / Photo: AA (AA)

L’affiche laissait présager une belle fête quel que soit le résultat de cette demi-finale de coupe du monde historique qui opposait mercredi soir la France et le Maroc.

Si partout, les supporters des Lions de l’Atlas et ceux des Bleus se sont rassemblés pour célébrer le magnifique parcours des uns et la victoire des autres, la fête a été gâchée dans plusieurs grandes villes françaises par des milices d’extrême-droite rompues aux actions violentes.

Des centaines d’individus cagoulés, masqués et parfois armés, ont déambulé à Lyon, Nice, Nantes, Strasbourg ou encore Montpellier, pour en découdre avec des supporters d’origine maghrébine.

Malgré un dispositif policier conséquent sur l’ensemble du territoire, ces groupuscules ont allumé des feux, scandé des slogans racistes et violenté de supporters.

À Paris, 40 d’entre eux dont 15 fichés S (fiche signalétique des personnes recherchées), ont été interpellés, en possession d’armes prohibées, par les forces de l’ordre avant d’avoir pu passer à l’acte alors qu’ils s’apprêtaient à rejoindre les Champs-Elysées pour en découdre.

"Casser de l’Arabe"

Face à une menace plus présente que jamais, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, a pris la décision de renforcer davantage les dispositifs de sécurité en marge des matchs de samedi et dimanche.

Le Maroc doit en effet affronter la Croatie pour la troisième place de ce mondial, tandis que la France jouera le titre face à l’Argentine.

Selon les informations de France Info, le locataire de Beauvau a ordonné un "suivi spécifique des réseaux d'ultra-droite pour la fin de semaine".

Son entourage, cité par la même source, assure que les milices constituées notamment de figures fichées S, venaient "casser de l’Arabe".

Ces déclarations vont dans le sens du député Thomas Portes, qui indique, sur ses comptes des réseaux sociaux que les personnes interpellées à Paris, sont "pour la plupart (…) des membres GUD (Groupe union droite, ndlr), des Zouaves ou de l’ex Génération identitaire ou du bastion social", qu’ils "étaient armés" et "se préparaient à tuer".

Les faits, qui ne sont pas sans rappeler les ratonnades dont la France a été le théâtre dans les années 70 et 80, suscitent une vive inquiétude.

La gauche réclame une action ferme

Face à la violence des images, des vidéos et des témoignages publiés notamment dans la presse et sur les réseaux sociaux, la classe politique, principalement de gauche, a vivement réagi dès mercredi soir.

Plusieurs députés ont ainsi pris la parole pour alerter du danger qui guette le pays.

Pointant des "battues racistes", le député Louis Boyard, a qualifié ces faits d’"inquiétants" et accuse Gérald Darmanin de les laisser agir.

"Peste brune, bruit de bottes, ratonnades, bandes armées qui se livrent à la chasse aux arabes. Il y aura un avant et un après cette soirée du mercredi soir", a pour sa part commenté Thomas Portes qui réclame une commission d’enquête parlementaire.

À travers une pétition mise en ligne récemment, il estime nécessaire que le parlement s’intéresse à "la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France".

"Des jours entiers, les racistes nous ont expliqué que les supporters du Maroc étaient un danger. À Lyon, Nice, Montpellier, Paris, ce sont eux, les racistes, l’extrême-droite, qui ont organisé ratonnades, violences et agressions. Vous êtes le danger de la France", a également commenté la sénatrice Mélanie Voguel, sur son compte Twitter.

"Les heures passent, les revendications d’extrême-droite se multiplient. Hier soir, nous avons eu un exemple sidérant de ce qui se prépare dans le pays si nous ne réagissons pas collectivement. Des milices fascistes armées qui mènent la chasse aux arabes. ALERTE GÉNÉRALE", s’inquiète en outre Thomas Portes.

Également à la tête de l’observatoire national de l’extrême-droite, le député déplore "des ratonnades, des passages à tabac, des milices armées qui s’organisent pour faire la chasse aux arabes" et rappelle qu’en 2021, "45% des projets terroristes d’extrême-droite déjoués en Europe étaient en France".

AA