Tunisie: Ennahdha condamne "l'incitation à la violence" contre les dissidents (Others)

Le mouvement tunisien Ennahdha a condamné la "persévérance dans la rhétorique de division, d'incitation, de propagation de la haine et de menace de l'élimination des dissidents politiques et du grand public qui ont boycotté le cap du 25 juillet" engagé par le président Kaïs Saïed.

Le parti d'obédience islamique a estimé qu'il s'agissait d'une "menace réelle pour la paix civile", accusant "l'autorité putschiste de tout chaos ou violence contre les symboles et partisans de l'opposition".

Des élections législatives anticipées ont eu lieu, en Tunisie, le 17 décembre et le taux de participation à son premier tour a été de 11,22% sur 9,2 millions d'électeurs, selon l'instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

Ennahdha a mis en garde contre le "ciblage des personnalités de l'opposition avec des arrestations, du harcèlement et des accusations mensongères", tout en appelant à la libération de l'ancien Premier ministre et chef adjoint du mouvement, Ali Larayedh.

Le 19 décembre, Ennahdha avait annoncé l'incarcération d'Ali Larayedh sur fond de l'affaire de l'incarcération de jeunes Tunisiens vers les foyers de tension.

Les enquêtes dans cette affaire ont débuté suite à une plainte déposée par l'ancienne parlementaire Fatma Mseddi (Nidaa Tounes) en décembre 2021 auprès de la justice militaire, avant qu'elle ne soit transférée au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme en raison de la présence de civils parmi les prévenus.

Mercredi soir, Saïed a renouvelé son accusation contre des parties (sans les nommer) de "complot contre la sécurité de l'État" et a juré de les tenir responsables "dans le cadre de la loi" et de ne pas leur donner "une issue sûre".

"Ceux qui sont plongés dans la corruption et la trahison (sans les identifier) ne peuvent pas continuer à viser les institutions de l'État et à les attaquer, ainsi qu'à leurs symboles, d'une manière qui équivaut à un complot contre la sécurité de l'État", c'est ce qui ressort du discours de Saïed, prononcé lors d'une réunion ministérielle au palais présidentiel de Carthage, et diffusé à la télévision d'État.

D'autre part, Ennahdha a tenu Saïed pour responsable de la tension sociale croissante et du ralentissement économique qui vont résulter de la loi de finances de 2023, "en particulier à la lumière d'un gouvernement illégitime et des efforts effrénés de l'autorité pour aggraver la situation politique, violer les droits et libertés, et renforcer l'autocratie".

La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïed a entrepris d'imposer des mesures d'exception, notamment la destitution du gouvernement et la nomination d’un nouvel exécutif, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du Parlement, la promulgation de lois par décrets, l'adoption d'une nouvelle Constitution par référendum le 25 juillet dernier et la tenue d'élections législatives anticipées le 17 décembre.

Saïed, qui avait entamé un mandat présidentiel de cinq ans en 2019, a dit que ses décisions sont des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État ‘’d'un péril imminent’’, mettant l'accent sur la préservation des droits et des libertés.

Plusieurs forces politiques et sociales tunisiennes, rejettent les mesures de Saïed, qu'elles considèrent comme étant ‘’un coup d'État contre la Constitution’’ de 2014 et une consécration d'un pouvoir absolu et individuel, tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une ‘’restauration du processus de la Révolution’’ de 2011, qui avait fait chuter l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011).

AA