Des membres du groupe rebelle M23 supervisant de potentielles nouvelles recrues congolaises à Goma, dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 30 janvier 2025. / Photo: Reuters (Reuters)

Des affrontements ont éclaté entre le groupe armé M23 ("Mouvement du 23 mars"), allié à des troupes rwandaises, et l'armée congolaise mardi dans l'est de la RDC. Cette reprise des combats intervient trois jours après un appel des dirigeants africains en faveur d’un cessez-le-feu, suivi d'une relative accalmie.

Les combattants du groupe armé antigouvernemental M23 et les soldats rwandais ont attaqué, à l'aube, des positions de l'armée congolaise (FARDC) près de la localité d'Ihusi, selon des sources sécuritaires et locales.

Ihusi est située à environ 70 km de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, et à environ 40 km de l'aéroport provincial de Kavumu, d’après ces mêmes sources.

Lors du sommet de samedi en Tanzanie, les dirigeants d'Afrique australe et de l'Est avaient appelé leurs états-majors respectifs à proposer un plan d'application d'un cessez-le-feu "inconditionnel" d'ici jeudi. Le président rwandais Paul Kagame était présent à Dar es Salam, tandis que son homologue congolais Félix Tshisekedi y participait par visioconférence.

Selon des sources sécuritaires, le M23 et ses alliés rwandais ont tenté ces derniers jours de prendre le contrôle des hauts plateaux surplombant la route principale menant à Bukavu, dans le but de couper les voies d'approvisionnement de l'armée congolaise.

Cette offensive a toutefois été contenu par les militaires burundais déployés dans le secteur, selon les mêmes sources.

Environ 10 000 militaires burundais sont déployés au Sud-Kivu en appui à l'armée congolaise, selon une source sécuritaire. Le Burundi a d’ailleurs envoyé vendredi au moins un bataillon supplémentaire dans la zone, selon une source sécuritaire.

La peur grandit à Bukavu

Après s'être emparés au terme d'une offensive éclair fin janvier de la grande ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, le M23 et les troupes rwandaises ont progressé dans le Sud-Kivu.

La peur d'une prochaine attaque s'est déjà emparée de Bukavu, cité d'un million d'habitants. Les écoles ont fermé vendredi, et mardi, les banques sont restées closes.

La prise de Bukavu, qui était déjà tombée aux mains de soldats dissidents de l'armée congolaise en 2004, donnerait le contrôle total du lac Kivu au M23 et aux troupes rwandaises.

Mais avant Bukavu, la menace pèse sur l'aéroport de Kavumu dont l'activité est principalement militaire. Ce point stratégique est utilisé par l'armée congolaise pour acheminer des renforts et du matériel dans la région. Sa principale base militaire est située non loin.

À Goma, la situation humanitaire s'aggrave. L'eau courante est coupée dans une partie de la ville. Sans autre solution, des habitants s'approvisionnent en l'eau dans le lac Kivu, où des corps ont été repêchés après les combats.

Selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), une augmentation de cas de choléra a été observée dans la région, notamment parmi les populations déplacées par les combats.

Des sanctions ciblées réclamées par Kinshasa

La crise dans l'est de la RDC devrait être abordée lors d'une réunion de l'Union africaine à Addis-Abeba vendredi.

Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont multipliés, avec la crainte que le conflit ne dégénère en une guerre régionale.

Jusqu'à présent, les initiatives diplomatiques pour tenter de régler le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, restent sans solution.

La ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation dans l’est du pays, au siège de l'ONU à New York, aux États-Unis, le 28 janvier 2025. (Reuters)

Kinshasa réclame, sans effet jusqu'ici, des "sanctions ciblées" contre le Rwanda.

Dans l'est de la RDC, les conflits et les rébellions s'enchaînent depuis plus de trente ans.

Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses richesses naturelles de la région, dont le tantale et l'étain, utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, ou l'or.

Le Rwanda dément, et dit vouloir éradiquer certains groupes armés qui menacent selon lui sa sécurité en permanence, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d'anciens responsables hutus impliqués dans le génocide des Tutsis au Rwanda.

TRT Français et agences