RDC: plus de 120 morts dans des inondations à Kinshasa / Photo: Reuters (Reuters)

Dans son journal du soir, la télévision officielle avait évoqué au moins "une centaine de morts", après un premier bilan de 55 morts fourni dans la journée par la police de la capitale congolaise.

A l'issue d'une réunion de crise, le gouvernement a décrété trois jours de deuil national à partir de mercredi, ont précisé dans un communiqué les services du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.

Les inondations ont également causé d'importants dégâts matériels et submergé en début de matinée jusqu'aux grandes rues du centre de la mégapole d'environ 15 millions d'habitants.

Selon les autorités, les victimes se comptent dans différents quartiers et communes de la ville, notamment dans des vallons où des habitations ont été détruites par des glissements de terrain.

Parmi les morts figurent neuf membres d'une même famille, dont de jeunes enfants, tués dans l'effondrement de leur maison dans la commune de Ngaliema de Kinshasa. Un journaliste de l'AFP avait vu dans la matinée leurs corps alignés sur le sol après avoir été extraits des décombres.

"Le mur s'est effondré"

"Vers 04H00 du matin, nous avons été réveillés par l'eau qui s'est introduite dans la maison", a témoigné un parent de la famille. "Nous avons canalisé l'eau et, pensant qu'il n'y avait plus de danger, nous sommes retournés dans la maison pour dormir, nous étions trempés", a-t-il ajouté. La famille s'est recouchée et "juste après, le mur s'est effondré".

La pluie tombée en abondance durant la nuit a paralysé la capitale congolaise et provoqué notamment un glissement de terrain dans un quartier périphérique qui a coupé net la route nationale 1 menant vers l'ouest.

Cette route, essentielle à l'approvisionnement de la ville, relie la capitale au port fluvial de Matadi, entre Kinshasa et l'océan Atlantique. Cet affaissement de la chaussée s'est produit dans la commune vallonnée de Mont-Ngafula, où de fréquents éboulements sont provoqués par les pluies et aggravés par une urbanisation anarchique.

"Des travaux de remblaiement ont déjà démarré", a précisé le Premier ministre lors d'une visite de terrain. Selon lui, les petits véhicules pourraient être en mesure d'emprunter la route dans les 24H00. Pour les camions, il faut "des travaux de génie civil qui peuvent prendre trois à quatre jours", a-t-il estimé.

"Dans l'érosion, des résidences ont été emportées", a-t-il ajouté.

"Tout est perdu"

Concernant les constructions effectuées dans des zones dangereuses, le gouvernement a indiqué dans la soirée que "des démolitions seraient faites sur (...) les sites qui posent problème".

En ville, les petites rivières, canaux et égouts ont débordé, inondant les rues y compris dans la Gombe, une des 24 communes de la ville-province, qui est généralement la plus épargnée par les galères quotidiennes des Kinois, entre manque d'électricité, amoncellement d'ordures et inondations récurrentes. Ce quartier abrite notamment les ministères et ambassades.

En novembre 2019, une quarantaine de personnes avaient trouvé la mort à Kinshasa, victimes de pluies diluviennes qui avaient provoqué inondations et glissements de terrains. Mont-Ngafula avait été l'une des communes les plus touchées.

"On n'a jamais vu une inondation de cette ampleur ici", témoigne auprès d'un autre journaliste de l'AFP Blanchard Mvubu, habitant du quartier CPA Mushie de cette commune de Mont-Ngafula.

"Les gens construisent de grandes maisons, ça bouche les caniveaux, l'eau ne passe pas librement, c'est ça qui cause les inondations", estime-t-il, en demandant à l'Etat d'intervenir, afin que "les maisons construites sur les caniveaux soient détruites".

Non loin de là, dans la matinée, un jeune garçon demande un petit billet aux passants pour leur faire traverser la rue sur son dos. Même scène plus près du centre ville, dans la commune de Lingwala, en face de l'Académie des Beaux arts, où le jeune Djuma fait du transport à dos d'homme.

Marchant dans l'eau sale qui a inondé son avenue, Freddy quant à lui assure ne pas être pressé de vider la grande quantité d'eau qui est entrée dans la maison familiale. "Les eaux sont montées, tout est sous les eaux", dit-il: "chaussures, réserves alimentaires, habits. Tout est perdu, il n'y a rien à sauver".

AFP