Pourquoi une réévaluation du groupe terroriste PKK en France est nécessaire / Photo: AA (AA)

Peu après qu'un homme armé a ouvert le feu sur des civils à Paris le 23 décembre, les partisans du groupe terroriste PKK/YPG se sont déchaînés dans la capitale française sous le prétexte de "manifestations" contre l'attaque raciste présumée, à tel point que la violence a éclipsé l'incident précédent.

La violence a laissé une traînée de destruction sur la place de la République et le long du boulevard du Temple, deux des points de repère les plus importants de Paris, alors que les partisans du PKK/YPG ont affronté la police à une échelle sans précédent. À tel point qu'ils ont même pris pour cible le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui s'était rendu sur le lieu de l'attaque.

Des arrêts de bus ont été détruits et des pavés ont été arrachés et lancés sur la police, les maisons voisines et les magasins. Finalement, au moins 31 policiers français ont été blessés.

Mais c'est là que l'histoire prend un tour curieux.

Il est maintenant apparu que l'intervention de la police française contre les actions des partisans du PKK/YPG est beaucoup plus limitée et restreinte que la force appliquée pour réprimer les manifestations des Gilets jaunes, le soulèvement populaire civil que connaît la France depuis 2018 contre la détérioration des conditions économiques.

Il est impossible d'évaluer les développements en France simplement comme l'action d'un groupe de manifestants ou des actions prises contre une certaine demande. Ceux qui ont transformé les rues de Paris en une zone de guerre sont pour la plupart des partisans du PKK/YPG, reconnu comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne (UE) et les États-Unis.

Le déploiement de drapeaux représentant prétendument le PKK/YPG à Paris pendant l'orgie de violence constitue également une menace directe à l'ordre public en France, car ils représentent une organisation terroriste qui a tué et blessé des milliers de civils.

La propagande noire

Tout comme dans certains pays européens, le PKK/YPG est présent en France par le biais de diverses organisations non gouvernementales, fondations et instituts.

Depuis les années 1980, le groupe terroriste PKK a reçu un soutien financier de la part d'États, d'organisations et d'individus d'Europe et s'est efforcé d'utiliser ce soutien pour planifier et mettre en œuvre des activités terroristes contre la Turquie.

En France, plus de 20 organisations sont totalement ou partiellement affiliées au PKK/YPG, dont une importante organisation de femmes qui milite pour l'égalité des sexes et la protection de l'environnement. Ce faisant, elles ont créé l'image d'une organisation de la société civile.

La France se distingue également comme l'un des centres où des jeunes gens amenés de Turquie par le PKK/YPG ont pu être recrutés et utilisés dans des activités de propagande de l'organisation, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Europe.

Le PKK et ses affiliés n'ont eu aucun remord à recruter des enfants soldats et à utiliser des femmes comme pions dans leurs campagnes de terreur, qui s'étendent de l'Irak à la Syrie et menacent jusqu'aux frontières de la Turquie. La question a été soulevée à plusieurs reprises, les États-Unis ayant publié un rapport complet en juillet de l'année dernière révélant l'ampleur du recrutement d'enfants par le PKK.

Tout en restant silencieux face à ce grand vandalisme, les partisans du PKK/YPG et les médias associés ont affirmé que l'attaque à Paris et la violence qui a suivi avaient un lien avec la Turquie.

Cette propagande noire n’y est pas allée de main molle, faisant même répandre des rumeurs alléguant que le tireur de 69 ans, un mécanicien à la retraite, était un Turc du nom de Mehmet, prénom qu’il a fait raccourcir en William M. Les médias français ont même affirmé que l'attentat, qui était le principal argument des partisans du PKK/YPG, aurait été perpétré par des personnes liées à la Turquie.

La couverture des arguments du PKK dans les journaux français grand public montre également l’ampleur de la force de manipulation dont est dotée le groupe qui a réussi à instrumentaliser les médias sociaux et traditionnels afin de promouvoir leur propre version de l'attaque.

Au milieu de ce blitz de propagande, on évoque les problèmes personnels, sociaux et de santé de l'agresseur, qui a été identifié comme un raciste d'extrême droite ayant un passé criminel. On a même fait courir que William M. nourrissait une haine pathologique à l'égard des étrangers comme raison de son attaque délibérée.

La réponse des autorités françaises a suivi la ligne habituelle : il s'agissait d'une campagne de loup solitaire menée par un individu souffrant de problèmes de santé mentale. Mais en refusant d'interpeller ultérieurement les partisans du PKK/YPG, l'État français a conforté les structures organisationnelles du PKK dans la société française.

Après les événements de Paris, la Turquie a pris l’option de répondre de manière diplomatique. Hervé Magro, l'ambassadeur de France à Ankara, a été convoqué au ministère des affaires étrangères de la Turquie.

L'ambassadeur a été informé en termes très clairs du malaise de la Turquie face à la propagande anti-Turquie lancée par les cercles terroristes du PKK/YPG après l'attentat de Paris. Le porte-parole présidentiel Ibrahim Kalin s'est demandé pourquoi les autorités françaises sont restées silencieuses après que l'organisation terroriste PKK/YPG, que la France soutient en Syrie, a causé des destructions dans les rues de Paris.

D'une part, les développements à Paris sont liés à la politique étrangère française et à ses conséquences sur la politique intérieure. Avec certains pays européens, la France s'est abstenue pendant des années de partager les préoccupations de la Turquie concernant le PKK/YPG/PYD. En outre, elle a préparé un terrain social et politique pour l'organisation et ses partisans.

Cependant, les actes de violence à Paris devraient constituer un point d'inflexion pour la France, et lui permettre de mieux comprendre les arguments de la Turquie sur cette question. Mehmet Rakipoglu, un expert turc en relations internationales, a affirmé que "ce qui s'est passé en France a prouvé que le financement d'organisations terroristes n'empêche pas d'être attaqué par des terroristes tels que le PKK, en retour".

Le coût de la passivité

Présenter l'attentat commis en France comme l'œuvre d’un raciste souffrant de troubles mentaux montre le risque couru si on continue d'ignorer la montée de l'extrémisme de droite dans le pays. Le vandalisme des partisans du groupe terroriste PKK/YPG dans les rues de Paris, associé à l'apologie involontaire des événements par le gouvernement français, pourrait vraisemblablement accélérer l'extrémisme d'extrême droite contre les minorités.

Dans ce contexte, le refus de la France de prendre des mesures contre les partisans du groupe terroriste PKK/YPG pourrait exposer d'autres communautés immigrées aux effets fatals de l'extrême droite. Tout comme les efforts du PKK pour assurer leur présence en France sous couvert de se protéger de l'extrême droite, certains dirigeants français d'extrême droite ont également critiqué et politisé la question de l'inaction du gouvernement français face aux attaques.

En outre, il faut empêcher les partisans du PKK de rechercher une légitimité sociale et politique en France sous le prétexte de la lutte contre l'extrême-droite. Dans le même temps, le silence des autorités françaises face à la violence associée peut accroître les efforts de l'organisation pour se présenter comme un groupe de défense des droits de l'homme. Elle peut également tenter de se présenter comme une victime à travers ses différentes ailes en France.

Ce qui ressort clairement des violences de Paris, c'est que s'abstenir d'appeler un terroriste un terroriste et de le traiter en conséquence entraînera probablement des conséquences négatives pour chaque État. La devise "Personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas", souvent mise en avant par les responsables turcs, montre la nature holistique de la sécurité aujourd'hui.

À l'heure où les relations de la Turquie avec la Suède et la Finlande ont entraîné une réévaluation des structures et des actions de l'organisation terroriste en Europe, il est peut-être temps pour les autorités françaises de réévaluer le PKK/YPG pour la sécurité des Parisiens, des Français et de tous les habitants de la région.

TRT Francais