Joe Biden, le président des États-Unis  / Photo Reuters (Others)

Alors que la France a annoncé le rapatriement de son Ambassadeur à Niamey et le retrait de ses troupes du Niger au plus tard en décembre prochain, Washington va « étudier toutes les mesures futures » concernant sa présence militaire au Niger. La déclaration du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, lors d'une conférence de presse ce 25 septembre à Nairobi, tranche avec la position française.

L’ambassadeur de France est en voie de rapatriement alors que l’Ambassadrice américaine Kathleen A. FitzGibbon est arrivée à Niamey en Avril dernier, pour occuper un poste resté vacant pendant un an.

“Subtilement, les Américains montrent qu’ils n’ont de leçons à recevoir de personne et qu’ils poursuivent leur propre agenda”, expliquait le diplomate camerounais Paul Batibonak dans une interview à TRT Français.

Le style d’Emmanuel Macron marqué par un bras de fer permanent avec les nouvelles autorités militaires, contraste avec la réserve de Washington.

"Tout en donnant une chance à la diplomatie, nous continuerons également d'étudier toutes les mesures futures qui donneront la priorité à nos objectifs à la fois diplomatiques et sécuritaires", a précisé Lloyd Austin.

Outre le retour à Paris de l'ambassadeur Sylvain Itté, il y a aussi le retrait du Niger des 1.500 soldats français basés dans le pays.

"Nous mettons fin à notre coopération militaire avec les autorités de fait du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme", a déclaré le président français.

Les États-Unis maintiennent 1.100 soldats stationnés au Niger, engagés contre les groupes terroristes actifs dans cette région.

Le Pentagone avait annoncé le 7 septembre repositionner ses troupes "par précaution", transférant certains soldats d'une base de la capitale Niamey vers une base aérienne plus au nord.

Les États-Unis ont indiqué le 14 septembre reprendre leurs vols de surveillance au-dessus du Niger, qu'ils avaient interrompus après le coup d'État par des militaires fin juillet. Le reste de ses opérations militaires dans le pays restaient figées, avait précisé une porte-parole du Pentagone.

“Les Américains veulent être sur le terrain pour préserver et consolider leurs positions. À Agadez, ils disposent d’une importante base de drones qui leur permet de surveiller les mouvements terroristes dans le Sahel”, expliquait Paul Batibonak.

Depuis 2012, “les États-Unis ont fourni au Niger 500 millions de dollars en équipements d’assistance militaire, en programmes de formation – l'un des plus importants programmes en matière de sécurité en Afrique subsaharienne avec la dotation d’avions C-130”, d’après un tweet daté du 24 juillet dernier de l’ambassade américaine au Niger.

Avec le départ programmé des soldats français du Niger, la France perd l'un de ses derniers alliés au Sahel, poussée vers la sortie par des régimes militaires hostiles.

Dans l’immédiat, les Américains veulent faire prévaloir l’option diplomatique dans la crise au Niger, obtenir la libération de Mohamed Bazoum, favoriser le retour à l’ordre constitutionnel et empêcher l’irruption de la Russie au Niger tout en consolidant et en préservant leurs intérêts géostratégiques et économiques.


TRT Francais