Des manifestants se rassemblent dans la capitale Niamey / Photo: Reuters (Reuters)

“A bas la France" : le message est clair dans les slogans brandis lors des manifestations organisées devant l'ambassade française à Niamey, la capitale du Niger. Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger renoue avec les coups d’État militaires menaçant les intérêts de la France. Actuellement, 1 500 militaires français sont toujours cantonnés au Niger, mais cette présence est de plus en plus contestée.

Depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960 et jusqu’à l’actuel coup d'État, le Niger est resté un partenaire privilégié de la France au Sahel. Mais le renversement du président Mohamed Bazoum par sa garde présidentielle témoigne de la forte érosion des rapports entre le Niger et la France.

La France dans la ligne de mire

Dimanche, des partisans du putsch militaire ont organisé un rassemblement devant l'ambassade de France à Niamey. Alors que des individus tentaient de pénétrer dans l'enceinte, d'autres enlevaient la plaque "Ambassade de France au Niger", la piétinant ensuite avant de lui substituer des drapeaux russes et nigériens. Face à cette situation, le président français Emmanuel Macron a émis une menace claire, affirmant qu'une attaque contre les ressortissants français serait suivie d'une réponse "immédiate et inflexible".

Or, le phénomène n’est pas nouveau. En septembre 2022, plusieurs centaines de personnes ont participé à des manifestations dans les rues de Niamey pour protester contre la force antiterroriste française. Des pancartes hostiles à la France avaient déjà été brandies, affichant des slogans comme "Dégage l'armée française criminelle" ou "L'armée coloniale Barkhane doit partir", faisant référence à l'opération française au Sahel.

La France avait récemment déployé la majeure partie de ses troupes au Niger, après le départ des militaires français du Mali à l'été 2022, à la suite de la pression exercée par la junte.

Si la France semble, depuis plusieurs années, perdre la main dans ses anciennes colonies. "La situation n’est pas définitive” à Niamey, selon les propres termes du ministère français des Affaires Étrangères.

Vers une pénurie d’uranium ?

Outre ses retombées politiques, le coup d’Etat au Niger suscite l’inquiétude en France pour des raisons économiques. La France y exploite, en effet, des gisements d’uranium qui sert à alimenter ses centrales nucléaires.

L'uranium, dont le Niger est l’un des principaux producteurs mondiaux, constitue la principale exportation du pays. Le Niger est le troisième fournisseur d’uranium à la France qui a besoin d'environ 7 800 tonnes du précieux minerai en moyenne par an pour faire fonctionner ses 56 réacteurs dans 18 centrales nucléaires. Les exportations du en uranium du Niger vers la France contribuent à hauteur de 19% des approvisionnements de l'hexagone entre 2005 et 2020, indique le comité technique Euratom.

Tout porte à croire qu’il n’y aurait donc pas de pénurie en France, qui peut également se tourner vers d’autres pays producteurs d’uranium comme le Canada ou l’Afrique du Sud.

TRT Francais