L'Iran ferme l'institut de recherche français IFRI après la publication de caricatures du guide religieux Ali Khamenei / Photo : Reuters (Others)

L'Iran a annoncé jeudi la fermeture du plus ancien et plus important centre d'études français dans le pays, comme première riposte à la publication par un magazine satirique français de caricatures jugées insultantes pour le guide suprême Ali Khamenei.

Les autorités iraniennes avaient averti mercredi la France qu'elles prendraient des mesures après la publication le même jour par Charlie Hebdo de ces dessins mettant en scène la plus haute personnalité religieuse et politique de l'Iran.

"(...) Le ministère met fin aux activités de l'Institut Français de Recherche en Iran (IFRI) comme une première étape", a affirmé le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Selon son site, l'IFRI est affilié au ministère français des Affaires étrangères. Interrogée, l'ambassade de France à Téhéran a affirmé ne pas avoir de commentaire dans l'immédiat.

Dans son communiqué, le ministère iranien accuse les autorités françaises "d'inaction continue face à la propagation de la haine raciste dans les publications françaises".

Il demande au gouvernement français de réclamer des comptes aux "auteurs (de la propagation) d'une telle haine", soulignant que le "peuple iranien" suivrait "avec sérieux" la réponse qu'apporterait la France.

Le ministère appelle aussi Paris à mener "une lutte sérieuse contre l'islamophobie".

Les caricatures publiées dans le journal satirique ont été retenues dans le cadre d'un concours lancé en décembre, au moment où des manifestations se poursuivaient en Iran pour protester contre la mort en détention le 16 septembre de Mahsa Amini, arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict du pays.

Ambassadeur convoqué

Les responsables iraniens, qui dénoncent généralement ces manifestations comme des "émeutes", affirment que des centaines de personnes ont été tuées, y compris des membres des forces de sécurité, et des milliers d'autres arrêtées.

Avant l'annonce de la fermeture de l'IFRI, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a indiqué que "la liberté de la presse existe (en France) contrairement à ce qu'il se passe en Iran", rappelant que le délit de blasphème n'existe pas en droit français.

Mercredi, son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian a dénoncé "un acte insultant et indécent" qui ne "restera pas sans réponse ferme".

L'ambassadeur de France en Iran Nicolas Roche a été convoqué le même jour par les Affaires étrangères à Téhéran.

"L'Iran n'accepte en aucune façon l'insulte de ses valeurs (...) islamiques, religieuses et nationales (...) et la France n'a pas le droit d'insulter ce qui est sacré (...) pour les pays musulmans sous le prétexte de la liberté d'expression", a dit le porte-parole du ministère Nasser Kanani mercredi.

L'Iran "considère le gouvernement français responsable pour cet acte haineux, insultant et injustifié", a-t-il ajouté.

Le siège de l’IFRI, dans le centre de Téhéran, avait été fermé durant de longues années. Il avait rouvert sous la présidence du modéré Hassan Rohani (2013-2021) comme un signe du réchauffement des relations franco-iraniennes. Il comprend une riche bibliothèque, utilisée par les étudiants de la langue française et des universitaires iraniens.

L'IFRI est né en 1983 après la fusion de la Délégation Archéologique Française en Iran (DAFI), créée en 1897, et de l’Institut Français d’Iranologie de Téhéran (IFIT), fondé en 1947 par Henry Corbin, selon son site.

AFP