Frappe sur le village de Kfarkila aud Sud du Liban mardi 26 mars / Photo: AFP (AFP)

La tension est montée d’un cran au Sud du Liban depuis mercredi. Des avions de chasse israéliens ont mené des raids sur les villages de Naqoura et Teir Harfa, dans le district de Tyr, qui ont fait 9 morts.

Les victimes sont trois civils, dont deux secouristes, quatre combattants du Hezbollah et deux combattants du mouvement Amal.

Le commandant des forces armées israéliennes au Nord, Uri Gordin, a annoncé que "les forces israéliennes sont prêtes à agir à la frontière libanaise" après l’opération sur Rafah. Jeudi 28 mars, la chaîne 12 israélienne affirme que l’armée israélienne a réalisé une opération sur le Liban.

Israël s’impatiente et menace. Depuis l’attaque intensive menée par Israël sur Gaza, le Hamas et son allié le Hezbollah ont riposté par des tirs de roquettes sur le Nord d’Israël.

L'aviation israélienne bombarde les villages frontaliers, et se permet aussi des frappes au-delà du sud, dans des zones proches de Saïda et de Baalbeck.

Chaque jour, les autorités libanaises publient les mêmes informations. Une famille, un immeuble, un restaurant ont été touchés. Selon un décompte des autorités libanaises, depuis le 8 octobre, 251 membres du Hezbollah, 14 du mouvement Amal, 12 du Jihad islamique et 13 du Hamas ont été tués, ainsi que 58 civils libanais, et 2 membres des services de sécurité libanais.

"Ici, c'est la guerre !"

La vie dans le Sud devient forcément de plus en plus précaire. Hassan Awada est originaire du Sud, il a accueilli des membres de sa famille chez lui à Beyrouth. La plupart des villages frontaliers sont désertés et les habitants se sont dispersés à travers le Liban. “Des milliers de personnes sont déplacées depuis octobre et elles ne reçoivent pas d’aide de l'État. Les villages frontaliers sont peuplés de petits agriculteurs ou de petits commerçants qui n’ont pas les ressources financières pour attendre des mois. Et même s' ils ont un petit pécule, avec la crise des banques au Liban, ils ont du mal à y accéder.”

Fadia est aussi à Beyrouth mais ses sœurs et leurs familles, sa mère sont encore dans le Sud. Elles ne veulent pas partir. “Les magasins sont ouverts, elles ont leur travail mais la situation est stressante. Il y a les bruits des bombardements, c’est presque permanent. La nuit, les drônes volent au-dessus des villages, personne ne circule dehors de peur d’être ciblé.”

Fadia avait l’habitude d’aller voir sa famille tous les week-ends mais si elle y est allée à Noël elle n’ira pas pour Pâques. “On a l’habitude de ces tensions mais là ça dure depuis 6 mois. On stresse surtout à cause des drônes, ils visent des gens des milices, mais on ne sait jamais.” Les sœurs de Fadia ont tout de même préparé des sacs de voyage pour quitter la zone rapidement si jamais les choses empirent.

L’armée israélienne suit toujours la même stratégie, pour atteindre un milicien, elle peut détruire un immeuble entier ou une famille entière alors la peur est là ! Une habitante de Tyr qui souhaite rester anonyme décrit comment la ville accueille des centaines de villageois depuis des mois: "Plusieurs écoles publiques ont été réquisitionnées pour les abriter et ils dorment sur des matelas. Et si on vous dit que ce sont juste quelques frappes, non, moi je vous dis c'est la guerre ici, on vit avec le bruit des bombardements chaque jour." La situation réveille de vieux souvenirs pour les habitants du Sud. L’armée israélienne a occupé le sud du pays du Cèdre de 1982 à 2000 justement pour stopper les incursions des milices pro-palestiniennes.

La FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), présente dans le Sud-Liban depuis 1978, s’est contentée de publier un communiqué pour rappeler que les “attaques contre les civils violent le droit international et constituent des crimes de guerre.” Cette force militaire n’a pas d’appui aérien.

TRT Francais