Les familles des soldats américains tués par Daech poursuivent Lafarge pour soutien au terrorisme / Photo: AA (AA)

Selon le procès intenté par les familles de trois militaires américains tués par Daech, "l'intérêt économique personnel" de la société française Lafarge a contribué au meurtre de civils et de ressortissants américains.

Les accusés savaient que le "soutien matériel" versé aux groupes terroristes "serait utilisé pour commettre des actes de terrorisme international", selon le procès.

Le procès a poursuivi en alléguant que les paiements effectués par les accusés avaient permis à l'organisation de passer d'une petite milice au cours des années 2010 "à un mastodonte terroriste brutal avec la capacité et l'intention de tuer des Américains".

"Les accusés ont aidé et encouragé les actes de terrorisme international de Daech et de l'ANF (Front Al Nusra) en fournissant "une assistance substantielle, notamment en effectuant des paiements en espèces et en secret par le biais de sociétés fictives et d'intermédiaires étrangers, en achetant des matières premières et en faisant des actions anti- accords concurrentiels avec les organisations terroristes étrangères, et en échouant à fermer et à évacuer la cimenterie en toute sécurité, plaçant ainsi des tonnes de ciment et de matières premières précieuses entre les mains de Daech et de l'ANF ", a déclaré le procès.



Plus de familles "devraient se joindre" au procès

"Lafarge a déjà plaidé coupable de crimes fédéraux et a admis avoir versé des millions de dollars à Daech. Ce procès vise à le tenir responsable devant les familles des militaires dévastées par sa conduite odieuse et illégale" a déclaré Lee Wolosky, associé chez Jenner and Block LLP, avocat des plaignants.

Wolosky a appelé d’autres familles à rejoindre le procès ajoutant "nous sommes impatients de porter l'affaire devant un jury de New-Yorkais".

Le procès intervient après que le géant français du ciment a plaidé coupable en octobre devant un tribunal américain pour avoir fourni un soutien matériel à une organisation terroriste et a accepté de payer une amende de 778 millions de dollars.

Retour sur les faits

Lafarge a payé près de 6 millions de dollars aux groupes terroristes, dont Daech, de 2013 à 2014 pour obtenir la protection et poursuivre l'exploitation d'une cimenterie dans le nord de la Syrie, dirigée par sa filiale locale, Lafarge Cement Syria (LCS).

L'entreprise française a versé 5,92 millions de dollars à des groupes armés dont Daech, sous la forme de "dons" mensuels fixes, de paiements aux fournisseurs de matières premières contrôlés par l’organisation terroriste et de "paiements variables" basés sur la quantité de ciment LCS vendue.

La procureure générale adjointe des États-Unis, Lisa Monaco, a précisé que l’entreprise avait profité d'août 2013 à octobre 2014 de la prise de contrôle de Daech en Syrie pour éradiquer la concurrence et augmenter sa part de marché dans la région.

En contrepartie, Lafarge a pu continuer à exploiter sa cimenterie de Jalabiyeh, ce qui lui a permis de réaliser un chiffre d'affaires net d'environ 70 millions de dollars.

​​Des preuves apportées par TRT World

TRT World a joué un rôle essentiel dans la révélation des activités illégales de Lafarge en Syrie à travers son documentaire "The Factory", publié en novembre 2021, qui révèle que Lafarge a versé 10 millions de dollars aux organisations terroristes PKK et Daech.

"Le travail de TRT sur cette affaire de Lafarge a été tout simplement extraordinaire. Je ne suis pas sûr que cela aurait pu arriver sans TRT", avait d’ailleurs souligné l'expert américain en droit constitutionnel Bruce DelValle.

Des documents révélés par l’Agence Anadolu (AA) en septembre 2021 ont montré également que le groupe Lafarge a régulièrement informé les services de renseignements français des arrangements conclus avec Daech pour obtenir le maintien de ses activités en Syrie.

Ces échanges montrent en outre que les services français ont profité de Lafarge pour obtenir des informations sur les activités de Daech, sans jamais mettre en garde le cimentier sur la potentielle qualification pénale des activités auxquelles il se livrait.

TRT Francais