Le président russe Vladimir Poutine rencontre la candidate à l'élection présidentielle française du parti d'extrême droite Front national, Marine Le Pen, au Kremlin à Moscou, le 24 mars 2017. / Photo: AFP (AFP)

Une révélation choc pour le Rassemblement national. Selon l'enquête du journal américain, la Russie mènerait une entreprise de subversion en France, dans laquelle le parti d'extrême droite de Marine Le Pen jouerait un rôle important.

Le quotidien cite des "documents du Kremlin, obtenus par un service de sécurité européen" impliquant l'entourage de Vladimir Poutine, dont les méthodes, selon lui, combinent l'influence des réseaux sociaux - orientés à l'aide de "fermes à trolls" - et l'appui de partis d'extrême droite. L'objectif plus large est de déstabiliser l'Europe, d'après le Washington Post.

Propagande et faux comptes sur les réseaux sociaux

Selon les documents examinés par le journal américain, le parti dirigé par Jordan Bardella occupe un rôle central dans une entreprise de subversion. Ce travail d' "ingérence", serait orchestré par Sergueï Kirienko, premier adjoint au cabinet de Vladimir Poutine. Il impliquerait la diffusion d'éléments de langage auprès d'intermédiaires non identifiés, qui seront ensuite adoptés par les dirigeants du parti d'extrême droite, notamment Marine Le Pen.

Par exemple, certains avancent l'idée que les sanctions économiques contre Moscou ont un impact plus préjudiciable sur la France que sur la Russie, ou encore que les Français ne devraient pas supporter les coûts d'un conflit dirigé par d'autres. Ces arguments, largement relayés par plusieurs membres du Rassemblement national, y compris Marine Le Pen, sont renforcés par une offensive narrative orchestrée par la Russie à travers la mise en place de fermes à trolls qui agissent comme des centres de production de faux comptes sur les réseaux sociaux diffusant cette information.

"Tous les gouvernements d'Europe occidentale seront changés", assure Jean-Luc Schaffhauser, ancien député européen affilié au RN et cité par le journal.

Le Washington Post affirme aussi que M. Schaffhauser "loue un étage de sa résidence" à Strasbourg au numéro deux de l'ambassade de Russie en France - qui siégeait au Conseil de l'Europe jusqu'à son exclusion en mars 2022.

Le quotidien américain met également en lumière la position favorable à la Russie de Thierry Mariani, une figure influente du RN et membre du Parlement européen, précédemment épinglé par une commission d'enquête parlementaire pour sa "grande proximité idéologique et politique" avec les autorités russes. Le rapport souligne spécifiquement son rôle à la tête de l'Association pour le dialogue franco-russe, un think tank parisien créé par le gouvernement russe, qui, selon l'enquête, a longtemps été un point central pour la promotion des perspectives du Kremlin.

"Cabale"

"Tout ça est une cabale", a réagi le porte-parole du RN Laurent Jacobelli sur Sud Radio, affirmant qu'il "n'y a aucun lien" entre la Russie et son parti.

En juin dernier, la rapporteure macroniste d'une commission parlementaire avait qualifié le FN (devenu RN) de "courroie de transmission" de la Russie, en insistant sur "l'alignement" du parti sur le "discours russe" au moment de "l'annexion illégale" de la Crimée en 2014, survenue peu de temps après la signature d'un prêt auprès d'une banque tchéco-russe.

"Le RN est bien le porte-parole du Kremlin en France" et "joue un rôle prépondérant pour relayer la propagande de Poutine", a estimé, après l'enquête du Washington Post, le parti présidentiel Renaissance du président Emmanuel Macron, dans un message sur X.

Un "élément de langage macroniste" balayé par M. Jacobelli, qui a rappelé la "position claire" du RN sur l'offensive de l'Ukraine par la Russie, condamnée par Marine Le Pen dès février 2022.

Sur le même réseau social, Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste, a estimé que le parti de Jordan Bardella "menace la sécurité de notre pays". Il en est de même pour l’eurodéputée écologiste Karima Delli : "Ces manipulations d’informations diffusées par le Kremlin menacent notre démocratie", s’alarme-t-elle.

Mais le parti reste sceptique sur "l'aide à l'armement offensif" de Kiev et opposé aux "embargos inutiles" imposés à Moscou. A cinq mois des élections européennes, M. Jacobelli n'a d'ailleurs pas caché qu'une victoire de l'extrême droite entraînerait "un changement radical, notamment dans les sanctions imposées à certains pays à cause de leur politique".

TRT Français et agences