Le siège de la Sonatrach à Alger / Photo: Reuters (Reuters)

L’ambassadeur d’Algérie au Mali a rejoint Bamako vendredi dernier, après deux semaines d’absence, du fait de la brouille diplomatique entre les deux voisins.

Le représentant du Mali en Algérie, lui aussi rappelé dans son pays, devrait regagner Alger incessamment.

Les deux diplomates avaient été rappelés respectivement dans leur pays le 22 décembre dernier.

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Le Mali reprochait à l’Algérie des concertations unilatérales avec les rebelles touaregs. Mais c’est davantage la réception en audience, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, de “l’Imam contestataire” Mahmoud Dicko qui a irrité Bamako.

L’Algérie, pour sa part, avait expliqué que sa démarche s’inscrivait dans une logique de recherche de “la paix et de la stabilité du Mali”.

“L'attachement intransmissible de l'Algérie à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'unité nationale du Mali”, “la voie pacifique” pour “garantir la paix au Mali” ainsi que “la réconciliation (...) sans exclusion” guidaient l’action d’Alger, d’après un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

On assiste donc à un retour progressif à la normale entre deux voisins interdépendants.

Contrebande et pétrole

Le nord du Mali vit du commerce de contrebande. “L’État malien tolère cette situation à l’exception du carburant, des armes et des drogues”. La Banque Mondiale estime “les importations maliennes à plus de 54 millions USD annuels, une baisse d’environ 2/3 depuis 2011, pic du commerce entre le Mali et l’Algérie”.

Mais l’Algérie mise davantage sur les bénéfices de l’exploitation du potentiel des hydrocarbures du Mali.

Bien avant la rébellion au Mali, Alger s’était donné pour ambition d'augmenter substantiellement sa production pétrolière “avec 30% de son débit total de champs en dehors de son territoire national” à l’horizon 2025.

Depuis 2007, la Sonatrach (société nationale de pétrole d’Algérie) est impliquée dans l’exploration pétrolière au Mali, à travers sa filiale internationale Sipex.

L’instabilité politique a contrarié ses ambitions.

Après avoir suspendu ses activités de prospection dans le nord du pays fin 2012, la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach s’impatiente de reprendre du service. Cela passe par la paix et la stabilité dans le nord du Mali.

L’Algérie s’est montrée active dans le processus de retour de la paix au Mali ces derniers mois, au point d’entreprendre des initiatives unilatérales qui ont fâché Bamako.

En 2015, elle a même parrainé tout le processus qui a abouti aux accords d’Alger, entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs. Mais le processus semble au point mort, voire enterré.

Lors de son discours de fin d’année, le Colonel Assimi Goïta, président de la transition au Mali, a décidé de “l’appropriation nationale du processus de paix, en donnant toutes les chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation”, afin d “éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires”.

Toujours est-il que la normalisation entre le Mali et l’Algérie avance, nourrie notamment par les intérêts pétroliers.

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