Le Nigeria, l’un des deux premiers producteurs de pétrole d’Afrique, importe encore du carburant pour satisfaire la consommation locale. Pour mettre fin à ce paradoxe, le milliardaire Alhaji Aliko Dangote, présenté comme l’homme le plus riche du continent, a décidé de construire "la plus grande raffinerie de pétrole d’Afrique, l’une des plus modernes au monde".
il est en effet difficilement compréhensible comment le Nigeria, premier producteur africain de pétrole jusqu’en mars dernier, avant de se faire devancer par l’Angola, n'arrive pas à satisfaire la demande domestique en hydrocarbures. Le pays importe encore 80 pour cent de son pétrole raffiné. Ce qui en fait le plus grand importateur d'Afrique.
Une situation qui est loin d’être un accident, d'après le nigérien Gaya Mahaman Louan, ancien secrétaire général de l’Organisation des producteurs de pétrole africain (APPO), qui tout de go impute cette situation à la mauvaise gouvernance.
"Au fil des années, ces subventions ont fait naître et entretenu, un important lobby des traders spéculateurs d’essence qui a délibérément œuvré à la faillite des quatre raffineries publiques gérées par la NNPC [Nigeria National Petroleum Company]".
Pour éviter de pénaliser les consommateurs, le Nigeria subventionnait chaque mois le pétrole raffiné importé à hauteur de 800 millions d’euros, soit l’équivalent de 6340 milliards de Francs CFA. Depuis le 1er juillet, le nouveau président Ahmed Tinubu a supprimé cette subvention, au grand dam des Nigérians affectés par la hausse des prix de transport et des produits de base..
En finir avec les pénuries
Pour mettre un terme à ce paradoxe, le milliardaire Dangote a entrepris depuis 2022 la construction d’une raffinerie de "dernière génération".
"En pleine capacité, explique Gaya Mohaman Laouan, elle devrait produire 650 000 de barils de pétrole par jour, ce qui couvre largement les besoins du Nigeria qui sont de 450 000 barils de pétrole par jour".
Outre le déficit de consommation, cette raffinerie arrêtera la dépendance aux importations et stimulera l’économie du pays.
"Lorsque la raffinerie sera pleinement opérationnelle, explique le pétrochimiste, il est prévu que le Nigeria n’importera plus aucun produit pétrolier et le gouvernement pourra lever une bonne fois pour toutes les très coûteuses (et inutiles) subventions aux importations de l’essence".
Ce qui, de facto, devrait entraîner la suppression des 800 millions d’euros mensuels réservés à la subvention des importations de pétrole raffiné, arrêter la corruption et la spéculation sur les produits pétroliers.
Le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria affirme que la nouvelle raffinerie pourrait en outre générer des économies de devises entre 25 et 30 milliards de dollars par an.
Un catalyseur de développement
Les caractéristiques techniques de la nouvelle raffinerie du milliardaire nigérian devraient favoriser la production d’ une variété de produits pétroliers secondaires et des produits de synthèse pétrochimique, au lieu d'avoir différentes unités pour chaque type de produit. "C’est l'une des rares entreprises au monde à disposer directement d’une usine de raffinage de pétrole brut couplée à un complexe pétrochimique", explique encore ce pétrochimiste,
Cette usine pourra aussi produire de l’essence, du diesel, de la bitume, du pétrole de jet-aviation et même des engrais chimiques.
L’usine a été inaugurée le 22 mai dernier à Lagos, la capitale économique. Elle devrait livrer ses premier barils de pétrole raffinés ce mois, puis monter progressivement en puissance.
D'après les prévisions de Aladji Aliko Dangote, cette industrie devrait tourner à plein régime en 2024 et garantir au Nigeria l'indépendance énergétique, des revenus directs et des recettes fiscales supplémentaires et générer 135 000 emplois.