Le Bénin parie sur la transformation du coton (Others)

Cette décision vise à accélérer le développement socio-économique du pays par l'industrialisation des matières premières agricoles.

Le coton béninois a le vent en poupe en ce moment. En cinq ans, le pays a pratiquement triplé sa production. Elle est passée de 229. 222 tonnes en 2016 à 728. 000 tonnes en 2021, d'après le ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. Même si en 2022 l'on a enregistré une production de 706. 000 tonnes, soit une légère baisse de 22 tonnes, le pays garde le cap sur l'industrialisation.

Produit phare de l'économie béninoise, le coton représente à lui seul 61 % des recettes d'exportations, a fait savoir Alimatou Shadiya Assouman, ministre de l'industrie et du commerce, lors du lancement de la campagne de commercialisation de coton 2022/2023, le 7 novembre dernier à Bembéréké. "L'industrialisation, a insisté la ministre, crée la richesse et l'emploi."

Pour sa part Letondji Beheton, directeur de la zone franche industrielle de Glo-Digbé (GDZI) qui abritera les usines de transformation du coton (à 45 kilomètres de Cotonou), n'a cessé de vanter les avantages de la transformation locale du coton.

"Aujourd'hui, explique-t-il, le kilogramme de coton brut du Bénin se vend moins d'un dollar. Quand ce coton est transformé en vêtement, ce coton peut être vendu à 30 dollars". Le changement de mentalité est donc acté. La volonté de changer est réelle.

Coton, produit pilote de l'industrialisation

Le pays a pris des mesures pour rompre avec le paradoxe qui consistait à exporter toute la production de coton brut pour ensuite importer des vêtements confectionnés à partir de ce coton.

"Dans 13 mois, explique le directeur de la zone franche industrielle de Glo-Digbé à l'Office de radio et de télévision béninoise, trois usines de transformation intégrée de coton verront le jour ", dans le cadre de la première phase du projet, avec une capacité de traitement annuelle de 40.000 tonnes de fibres de coton pour 1.500 emplois à la clé.

Ceci permettra de porter la transformation du coton béninois de 1% à 12,5% par an d'après le ministère de l'agriculture.

Au bout de 7 ans, le plan d'investissement prévoit la construction de 32 autres usines pour au moins 15.000 emplois. Le Bénin sera alors en mesure de transformer toute sa production de coton et d'exporter des vêtements en Europe, Asie, Etats-Unis d'Amérique et en Afrique.

Une politique volontariste

La transformation industrielle du coton béninois n'est que le volet pilote d'un vaste programme d'industrialisation. La transformation d'autres produits agricoles comme la noix de cajou, l'ananas, la noix de karité, le soja entre autres est prévue.

A cet effet, le gouvernement béninois a noué un partenariat public- privé avec Arise Integrated Platforms (Arise IIP), une entreprise panafricaine spécialisée dans la conception, le financement et la gestion des zones franches industrielles. L'objectif consiste à mettre en place la zone franche industrielle de Glo- Digbé (GDZI). Cette zone franche fonctionne depuis deux ans déjà, avec 32 investisseurs dont trois spécialisés dans la transformation du textile. "Arise IIP prend en charge la totalité de l'investissement de 1,5 milliards USD pour la construction de la zone industrielle,” d'après un communiqué de cette entreprise panafricaine.

Dans un premier temps, la zone franche industrielle compte, d'après ses prévisions, attirer un investissement d'au moins 1,4 milliards de dollars.

Le secret d'un leadership

Tripler sa production de coton en 5 ans ; pour passer de 229.222 tonnes en 2016 à 728.000 tonnes en 2021, est le résultat d'un travail de fond sous tendu par une vision et une volonté politique.

Tout d'abord l'État béninois s'est désengagé de la gestion de la filière coton qui a été confiée depuis 2016 à l'association Intersectorielle de Coton ( AIC).

Cette structure s’occupe, d’après Luc Abadassi, son secrétaire permanent, "du suivi de l’importation et de la mise en place des intrants (engrais, produits phytosanitaires et semences) en quantité, en qualité et à bonne date ; Le conseil agricole et l’encadrement des producteurs pour la bonne application des consignes de la recherche ; Le suivi de la récolte, de sa répartition aux sociétés d’égrenage ; Le dénouement des flux financiers et le paiement du produit de vente de la récolte aux producteurs."

L'État, qui ne finance rien dans ce processus, se limite à définir une stratégie de production de coton. Il assure aussi la régulation du secteur comme par exemple, par la fixation des prix des grains de coton, des engrais, des produits phytosanitaires etc .

Autre aspect clé : la recherche agricole. L'État a affecté auprès de l'AIC dans chaque zone écologique, des chercheurs qui s'assurent de la bonne exécution des circuits techniques, etc.

Enfin, il convient de relever le gel de certaines taxes (redevance sur la production agricole notamment). Cela permet non seulement de limiter les coûts de production mais aussi de maintenir des prix d'achat incitatifs au profit des planteurs de coton, malgré la baisse des cours du sur le marché mondial et le renchérissement des engrais et pesticides.

TRT Francais