Base militaire américaine à Djibouti / Felix Wong / Photo: Getty Images (Getty Images)

En décidant le 16 mars courant de reconsidérer sa coopération militaire avec les États-Unis, après une décennie de collaboration, le Niger a remis au goût du jour la question de la présence militaire américaine en Afrique.

Au carrefour des rébellions de Boko Haram autour du Lac Tchad, de l’instabilité en Libye et de la menace d'Al-Qaïda dans la région du Sahel, le Niger revêt une importance stratégique pour les États-Unis. Cela est d’autant plus vrai qu’AFRICOM, le commandement américain pour l’Afrique, fait de la lutte contre le terrorisme son but principal sur ce continent depuis longtemps.

Réagissant trois jours après l’annonce-surprise de Niamey, Sabrina Singh, la secrétaire de presse adjointe du Pentagone, a déclaré : "Nous sommes au courant de la déclaration du 16 mars du CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, NDLR) annonçant la fin de l'accord militaire sur le statut des forces entre le Niger et les États-Unis. Nous travaillons par les voies diplomatiques pour obtenir des éclaircissements". C’est dire que le maintien des militaires américains au Niger est toujours d’actualité.

Le commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM) maintient ainsi, un “vaste réseau” de bases militaires en Afrique. Depuis les attentats du septembre 2011, l’extrémisme violent est devenu une question de sécurité nationale aux États-Unis. Il est question de combattre le mal à la racine. Outre le conseil et l’appui logistique, AFRICOM renforce aussi les capacités des armées africaines pour faire face au terrorisme et à l’instabilité.

Les forces américaines, estimées à 6 500 soldats sur le continent, opèrent en toute discrétion sur quatre zones, en fournissant des conseils et de l’appui logistique.

En Afrique de l’Est, dans la grande base de Djibouti et au Kenya, AFRICOM a pour cible les terroristes des Shebab en Somalie. Autour du lac Tchad, le commandement américain soutient le combat contre Boko Haram et Daech et dispose d’une base de drones à Garoua au nord-Cameroun. Plus au Nord, il lutte contre l’instabilité en Libye et contre Al-Qaïda au Sahel avec son déploiement au Niger. Dans le golfe de Guinée, il aide les pays côtiers à combattre la piraterie grâce à des formations et des manœuvres militaires.

Vingt-trois ans après les attentats de 2001 et onze ans après le début de la coopération avec l’Afrique, force est de constater que “la lutte contre le terrorisme centrée sur la coopération militaire a produit plus de terrorisme tout en renforçant les armées au détriment des institutions civiles, et donc de la démocratie” analyse Jeff Hawkins, enseignant associé à l’IRIS, ancien ambassadeur des États-Unis à Bangui, en République centrafricaine.

C’est pourquoi une tendance politique d’extrême droite en Amérique, plaide pour un retrait des soldats américains du continent. Ce qui pourrait favoriser l’implantation de la Russie, en embuscade.

Présence militaire américaine en Afrique . (Others)
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