Le Premier ministre Gabriel Attal a promis de poursuivre les efforts avec un "investissement massif" de "32 milliards d’euros supplémentaires" dans les cinq ans à venir pour l’hôpital public. "Je le dis, notre hôpital et nos soignants, c’est un trésor national. On a une chance inouïe en France d’avoir un système de santé solidaire, un hôpital public, des soignants qui se lèvent tous les matins avec cette vocation d’accueillir les Français, de les soigner et de servir leur pays" , a-t-il dit lors d’une visite du CHU Dijon, accompagné de sa ministre de la Santé Catherine Vautrin.
Désert médical
Les deux ministres ont été interpellés par une soignante, qui a résumé la situation actuelle des hôpitaux. "On est obligé de tout absorber, l’hôpital est en train de mourir, je ne sais pas si vous en avez conscience ", a-t-elle exprimé.
En effet, le système de santé en France passe par une grande crise. La France est même un "désert médical", selon l’ancienne secrétaire d’Etat à l’Organisation territoriale et aux professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo. 87% du territoire est un désert médical et les Français ont de moins en moins de médecins à leur disposition. En outre, 23% des Français ont des difficultés d’accès à un médecin généraliste.
En plus d’être peu nombreux, les médecins sont également mal répartis dans le territoire. Il y a plus de médecins par habitant dans certaines régions que d’autres. Les médecins privilégient logiquement les zones avec une meilleure qualité de vie.
Plusieurs syndicats hospitaliers dénoncent également la fermeture de lits d’hôpitaux et les difficultés grandissantes de la prise en charge des patients aux urgences. Au moins 21 000 lits ont été fermés depuis 2016 et 80 000 depuis 2000. En cause: les restrictions budgétaires du gouvernement, l’augmentation des opérations ambulatoires et le manque de personnel de santé.
La hausse des rémunérations est un des gros dossiers de la crise. Cette revendication cause chaque année de grandes grèves et manifestations puisqu’avec l’inflation, le pouvoir d’achat des soignants a diminué. Comparé aux pays européens, les infirmiers hospitaliers français sont les moins payés et le salaire des soignants restent également inférieur. Ces bas salaires, combinés à des conditions de travail difficiles, ont rendu les métiers hospitaliers peu attractifs et le secteur financier peine à recruter.
Après 30 ans d’observation, une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a confirmé la disparition progressive mais rapide ces derniers temps du métier d’infirmière. Près d’une infirmière hospitalière sur deux a quitté l’hôpital ou changé de métier après dix ans de carrière.
Selon cette étude couvrant la période entre 1989 et 2019, "seules "54% des infirmières hospitalières le sont toujours après dix années de carrière". La DRESS affirme aussi que la part de celles restées à l’hôpital après dix ans a par ailleurs "décru au fil des générations".
A cause du manque de personnel, plusieurs services dont les urgences et les pédiatres sont contraints de fermer leur porte, temporairement ou définitivement. En été 2023, c’était au moins 70 services qui ont été fermés dans les hôpitaux du pays selon le Syndicat national des médecins remplaçants (SNMRH).