La décision de l'Angola de quitter l'OPEP suscite des inquiétudes quant à la gestion du marché  / Photo: Reuters (Reuters)

La décision prise par l'Angola, pays d'Afrique australe, de quitter l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en raison de différends concernant le plafond de production a fait naître des doutes quant à la capacité du groupe à contrôler le marché pétrolier.

Diamantino Pedro Azevedo, a annoncé la décision sur la chaîne publique TPA, déclarant que la décision n'avait pas été prise dans la précipitation, mais que l'appartenance à l'OPEP ne servait plus les intérêts de Luanda.

Le 30 novembre, le groupe de l'OPEP a annoncé la mise à jour des quotas de production pour l'Angola, le Congo et le Nigeria, comme convenu lors de la précédente réunion ministérielle en juin.

Selon les estimations de trois sources indépendantes, dont IHS, Wood Mackenzie et Rystad Energy, les niveaux de production de l'Angola, du Congo et du Nigeria ont été fixés à 1,11 million de barils par jour, 277 000 de barils par jour et 1,5 million de barils par jour, respectivement.

Le mécontentement de certains pays concernant les quotas de production révisés a conduit à un report de quatre jours de la dernière réunion du groupe le 4 décembre, le plus long report d'une réunion dans l'histoire du cartel.

"Si nous restons dans l'OPEP, l'Angola sera contraint de réduire sa production, ce qui va à l'encontre de notre politique qui consiste à éviter le déclin et à respecter les contrats", a expliqué Diamantino Pedro Azevedo.

Membre de l'OPEP depuis 2007, l'Angola se classe au troisième rang des pays disposant des plus grandes réserves de pétrole en Afrique.

Le dernier rapport mensuel de l'OPEP sur le marché du pétrole révèle que la production quotidienne de pétrole du pays a diminué de 37 000 barils en novembre, atteignant 1,3 million de barils.

L'Angola fait également partie des membres qui ont enregistré les plus fortes pertes de production de pétrole cette année.

Fereydoun Barkeshli, président du Vienna Energy Research Group, a confié à Anadolu que l'Angola avait du mal à respecter les quotas de production depuis son adhésion à l'OPEP.

"L'Angola a déjà dépassé son pic de production de pétrole. Le pays produit actuellement un peu plus d'un million de barils par jour. L'Angola n'est pas le premier pays à quitter l'OPEP", a-t-il précis”.

Le groupe de l'OPEP, qui compte 13 membres, a connu plusieurs départs. Il a été fondé en 1960 pour coordonner les politiques pétrolières de ses membres et fournir aux États membres une aide technique et économique.

L'Indonésie a quitté le groupe en novembre 2016, suivie par le Qatar en janvier 2019 et l'Équateur en janvier 2020. Le Gabon, membre permanent depuis 1975, a quitté le groupe en 1995 mais l'a réintégré en 2016.

Fereydoun Barkeshli s'est dit préoccupé par le fait que la décision de l'Angola pourrait donner l'impression erronée que le marché se régule de lui-même et que "le marché international du pétrole n'a peut-être pas besoin d'être géré davantage".

Les Émirats arabes unis pourraient être les prochains à partir.

Fereydoun Barkeshli a mis en garde contre l'effet de contagion parmi les membres du groupe

"Le groupe risque donc de s'effondrer. Il est peut-être vrai que la mort de l'OPEP est proche", a-t-il averti.

Selon lui, l'OPEP était maître du jeu lorsqu'elle détenait une part de marché d'environ 65 % "dans les années 1970, 1980 et 2000".

"Aujourd'hui, même avec l'alliance OPEP+, cette part est inférieure à ce qu'elle était", a-t-il déclaré.

Et de conclure: "La Russie est actuellement en guerre et écoute l'Arabie saoudite. Une fois qu'elle sera remise sur pied, elle n'écoutera plus."

AA