Arrestation d'un Palestinien / Photo: Reuters (Reuters)

La réputation des forces de défense et de sécurité d’Israël est mise à rude épreuve ces dernières années, eu égard aux allégations de violences sexuelles émanant aussi bien des Nations unies que des autorités.

Le dernier cas en date est ce rapport du contrôleur de l’État d’Israël, qui met en exergue l’ampleur des violences sexuelles dont ont été victimes en 2021 les jeunes femmes, lors de leur service militaire, auprès de la police, la police des frontières et de l’administration pénitentiaire.

Élu au bulletin secret par le Parlement pour sept ans, le contrôleur d’État qui joue aussi le rôle de médiateur (ombudsman), s’assure du bon fonctionnement de toutes les institutions publiques d’Israël.

Il apparaît ainsi que 25% de femmes qui ont fait leur service militaire en 2021, ont été victimes de violences sexuelles.

Le rapport du contrôleur d’État souligne que les auteurs de tels abus, émanent des membres permanents de ces trois forces, y compris la hiérarchie. Pire, lorsque ces dérives sont dénoncées, elles ne reçoivent pas un traitement approprié, elles sont même souvent ignorées.

Un mal profond

Ces dérives au sein des forces de sécurité, de défense et de l’administration pénitentiaire israélienne semblent traduire un mal profond. Le rapport du contrôleur d’État a été commandé suite au scandale de proxénétisme à la prison de Gilboa, en 2018. Des officiers supérieurs de la prison avaient été accusés d’avoir “livré” des femmes qui faisaient leur service militaire.

“Il semble que le scandale de Gilboa ne soit que la partie visible de l’iceberg. Les conscrites sont victimes de harcèlement à la fois de la part de détenus pour terrorisme et de membres de ces forces, qui profitent de leur faiblesse”, a souligné le contrôleur de l’État, Matanyahu Englman.

“Qu’une soldate sur quatre effectuant son service obligatoire au sein de la police ou de l’administration pénitentiaire soit victime d’abus sexuels est inacceptable. Il est inexcusable que 70% des plaintes n’aient pas été traitées de manière adéquate”.

De quoi remettre en question les propos de Mike Pompeo, l'ancien Secrétaire d'État américain, qui affirmait le 13 février dernier lors d’une visite en Israël : "De ce que je sais, les soldats israéliens sont profondément moraux et agissent toujours en conformité avec le droit".

Outre le contrôleur de l’État, les Nations unies ont aussi mis en doute la moralité des forces de défense, de sécurité et de l’administration pénitentiaire israélienne, dans un récent rapport de ses experts, suscitant une consternation générale.

Dans un communiqué rendu public le 20 février courant, les rapporteurs des Nations unies ont exprimé leur profonde préoccupation, “face aux rapports faisant état de cas de viol et de menaces d'agression sexuelle par les forces israéliennes lors des détentions arbitraires de femmes et de jeunes filles palestiniennes“.

Ils ont qualifié les violations des droits humains signalées contre les femmes et les jeunes filles en Palestine de “consternantes“, sur fond de siège et d’attaques israéliennes intensives.

Dans le même sillage, Busha Khalidi, responsable du plaidoyer pour l’ONG britannique Oxfam a confié à TRT Français, que les violences sexuelles commises par l’armée israélienne à l’encontre de mineurs palestiniens sont banales et nombreuses.

“Nous savons qu'il y a des enfants qui ont été victimes de torture, victimes d'abus sexuels. Avant le 7 octobre dans les prisons israéliennes (...), il y en avait au moins 500”, a-t-elle affirmé.

Outre ces allégations de violences sexuelles, les crimes de “pillage d’objets d’art, de vol d’argent et d’or par l’armée israélienne, pour un montant de 25 millions de dollars à Gaza”, par le Bureau des médias du gouvernement de l’enclave palestinienne, assombrissent davantage la réputation de l’armée israélienne.

Pourtant, la sauvegarde de la dignité humaine est censée être l’une des valeurs de l’armée israélienne.

“Tsahal et ses soldats ont l’obligation de défendre la dignité humaine. Chaque être humain doit être respecté indépendamment de son origine, de sa religion, de sa nationalité, de son sexe, de son statut ou de sa position”, stipule le code éthique de l’armée israélienne. À Gaza, cette dernière semble utiliser son code éthique à l’envers.


TRT Français et agences