Christine Lagarde, présidente de la BCE / Photo: Reuters (Reuters)

Comme attendu, les gardiens de l'euro se sont entendus sur une hausse de 0,25 point de pourcentage, comme en mai.

La présidente de l'institution, Christine Lagarde, est allée plus loin en dévoilant qu'une autre hausse de taux était "très probable" lors de la réunion de juillet.

Pas question pour la BCE de faire une pause dans son resserrement monétaire, comme l'a décidé mercredi la banque centrale américaine: la Fed a laissé mercredi ses taux inchangés pour se donner le temps d'évaluer la situation, tout en ouvrant la voie à de nouvelles hausses d'ici la fin de l'année.

"Nous sommes au milieu de cette lutte contre l'inflation" que Christine Lagarde a de nouveau comparé à un "voyage".

"Nous avons encore du chemin à faire. Nous ne sommes pas arrivés à destination", a-t-elle ajouté, soulignant le "très large consensus" obtenu sur les décisions du jour.

Risque de spirale

Après une décennie d'argent pas cher, la BCE s'est lancée dans un cycle sans précédent de resserrement monétaire pour contrer la flambée des prix à la consommation dans le sillage de l'offensive russe en Ukraine.

En relevant les taux, les banquiers centraux réduisent la demande de crédit et donc l'investissement et la consommation des ménages comme des entreprises, avec pour conséquences un ralentissement de la demande et donc de la pression sur les prix.

La BCE a relevé ses taux de 4 points de pourcentage depuis juillet 2022. Le taux de dépôt, qui fait référence, atteint 3,50%, son plus haut niveau depuis mai 2001.

L'inflation reste élevée et continue d'inquiéter les responsables politiques confrontés aux protestations des opinions publiques dont le pouvoir d'achat est amputé mois après mois.

"L'inflation ralentit, mais devrait rester trop forte pendant une trop longue période", observe la BCE dans son communiqué.

La hausse des prix en zone euro est retombée à 6,1% sur un an en mai, loin du record à 10,6% atteint en octobre, mais loin également de l'objectif de 2% poursuivi par la BCE.

L'institution a même légèrement relevé, dans ses prévisions actualisées jeudi, le niveau de hausse des prix anticipé jusqu'en 2025: l'inflation devrait atteindre 5,4% en 2023, puis 3,0% en 2024 et 2,2% en 2025.

Une prévision d'inflation toujours au-delà des 2% en 2025 n'est "pas satisfaisante", a observé Mme Lagarde.

Les augmentations de salaire deviennent une "source de plus en plus importante" d'inflation, a mis en garde la Française, qui a aussi pointé les profits élevés des entreprises dans un environnement inflationniste. Celles-ci accroissent leurs marges bénéficiaires, au risque d'alimenter une spirale de hausse de prix.

Croissance ralentie

"La Banque centrale européenne poursuit son cycle de hausse et n'annonce aucun signe de pause pour bientôt", commente Carsten Brzeski, de la banque ING.

L'entrée en récession de la zone euro n'a pas infléchi sa détermination: le PIB (Produit intérieur brut) des 20 pays partageant la monnaie unique a reculé de 0,1% entre janvier et mars, après une baisse de même ampleur lors du trimestre précédent.

Par voie de conséquence la BCE a revu à la baisse ses prévisions de croissance, le PIB étant attendu en hausse de 0,9% cette année, contre 1,0% prévu auparavant, puis 1,5% en 2024 et 1,6% en 2025.

Après le trou d'air hivernal, la BCE est cependant confiante dans la possibilité de voir l'activité économique reprendre des couleurs.

Des économistes s'inquiètent cependant de voir le resserrement monétaire aller trop loin et briser la reprise.

"La BCE doit veiller à ne pas en faire trop", prévient l'institut économique berlinois DIW, pointant les "bouleversements considérables de l'économie réelle et du secteur immobilier" entraînés par les hausses de taux.

Pour la BCE, il vaut mieux risquer d'en faire trop que pas assez, "le coût d'une action trop faible étant supérieur à celui d'une action trop énergique" contre l'inflation, avait fait valoir une de ses responsables, Isabel Schnabel, début juin.

AFP