Géophysique marine: mission archéologique subaquatique réussie entre la Tunisie et la Sicile (AA)

À bord du navire français d'exploration archéologique "Alfred Merlin", une première expédition internationale pour explorer les épaves du banc des Esquerquis entre la Tunisie et la Sicile, avait été lancée le 27 août dernier pour prendre fin le 02 septembre courant.

Cette mission d'exploration subaquatique au banc des Esquerquis situé en face de la Côte-nord tunisienne et du nord-ouest du Canal de Sicile en mer Méditerranée, qui s'inscrit dans le cadre d'une stratégie visant à renforcer la coopération entre les pays membres souscrits à la Convention de l'UNESCO de 2001 pour la protection du patrimoine maritime, s'est achevée avec succès.

La mission de prospections géophysiques a été accomplie sous l'égide du ministère tunisien des Affaires culturelles en collaboration avec l'Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, l'Institut National du Patrimoine et de l'Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO),

Alfred Merlin était parti du port de Marseille, en France, en direction du site d’Esquerquis (Skerki) qui se situe à 90 km du littoral de la Tunisie septentrionale.

À la passerelle du navire, le poste de commandement pour la navigation, le capitaine Thibauld Testud a évoqué, dans une déclaration accordée à l'Agence Anadolu, l'équipement de dernière technologie de pointe de détection géophysique et de robotique en matière d’exploration et de recherche en très grande profondeur.

"Le navire d'une longueur de 46 mètres pour 10,80 mètres de large et un tirant d’eau de 3,2 mètres, accueille à son bord deux robots sous-marins et peut accueillir jusqu'à 28 personnes entre archéologues, roboticiens et expéditeurs", a précisé Thibauld Testud.

"Nous fabriquons nos propres robots qui remplissent les critères spécifiques à l'exploration subaquatique" a révélé Denis Dégez avant de noter que "le poids des robots doit être relativement léger pour pouvoir les amener sur les sites archéologiques accidentés".

"Ce robot-là fait 80 kilos" a précisé le roboticien.

"Les robots sont alimentés électriquement du courant fourni par le bateau, ils peuvent donc travailler sous l'eau jusqu'à 24 heures sur 24" a ajouté Dégez.

Dans la "Robotic Room", salle de contrôle équipée de toutes sortes d'écrans, le roboticien a simulé une opération de ROV (véhicule sous-marin) à l'Agence Anadolu, où il a spécifié chaque image affichée, mais aussi les panneaux de contrôle des robots. "Ici, nous pouvons contrôler l'altitude du robot, sa profondeur ainsi que la puissance consommée par les moteurs", a-t-il expliqué.

"Cette fameuse caméra acoustique, placée dans le ROV, nous permet de voir d'assez loin les cibles vers lesquelles nous allons nous diriger" a encore noté l'ingénieur en robotique.

"Le robot est localisé en permanence en temps réel sur une carte affichée sur cet écran, qui est cloné en passerelle, ce qui permet au capitaine de savoir comment positionner le bateau, c'est un vrai travail de collaboration entre l'équipage et les roboticiens", a fait savoir Denis Dégez.

La ministre tunisienne des Affaires culturelles, Hayet Guettat Guermazi, a mis en exergue, dans une déclaration accordée à l'Agence Anadolu, l'importance de la coopération internationale pour son pays, mais aussi pour préserver le patrimoine archéologique commun et les espèces maritimes rarissimes. "C'est un événement pionnier pour la Tunisie, qui est l'un des premiers pays ayant souscrit à la Convention de l'UNESCO de 2001 et qui avait abrité en 2013, le premier Congrès sur l'archéologie et le patrimoine culturel du Monde arabe", a-t-elle indiqué.

"Le patrimoine archéologique subaquatique remontant à des siècles au fond des mers est une vraie richesse, comme lors de cette mission d'exploration, où trois épaves ont été retrouvées dont une d'un navire datant du premier siècle av. J.-C.", a encore fait savoir la ministre tunisienne.

"Le patrimoine revient à l'humanité, tous les pays doivent coopérer pour sa protection et pour sa valorisation qui commence d'abord par la recherche scientifique" a noté la directrice de l'Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, Amel Hachana.

La Tunisie avait accueilli, en juin 2021, la 8e Conférence de l’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique.

Les pays partenaires souscrits à la Convention de l'UNESCO de 2001 sont l'Espagne, l'Italie, l'Algérie, la France, la Croatie, l'Egypte, le Maroc et la Tunisie.

AA