France: rassemblement des Azerbaïdjanais contre la résolution qui sera débattue à l'Assemblée / Photo: AA (AA)

La mobilisation initiée par le "Congrès des Azerbaïdjanais de l’Europe", le "Conseil de Coordination des Azerbaïdjanais de France" et les "Français d’origine azerbaïdjanaise" vise à souligner le bienfait pour la France d'adopter une position neutre et objective sur la question du Caucase du Sud et le conflit de longue date qui oppose l'Arménie à l'Azerbaïdjan, notamment sur la question de la délimitation des frontières ainsi que celle du Haut-Karabagh.

Le projet de résolution, déposé à l'Assemblée nationale, a pour ambition d'appliquer "des sanctions à l'encontre de l'Azerbaïdjan et exiger son retrait immédiat du territoire arménien, à faire respecter l'accord de cessez-le-feu du 9 novembre 2020, et favoriser toute initiative visant à établir une paix durable entre les deux pays".

Pour rappel, le 3 octobre dernier, le projet de résolution contre l'Azerbaïdjan avait été présenté au Sénat français. Préparé par 6 membres du Sénat et adopté le 15 novembre courant par 295 voix contre une.

Le texte comprenait un appel lancé aux autorités françaises et à d'autres pays de l'Union européenne à "imposer un embargo sur le gaz et le pétrole importés d'Azerbaïdjan", ainsi qu'à affirmer "la nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh", un territoire internationalement reconnu comme étant celui de l'Azerbaïdjan, notamment à travers quatre résolutions du Conseil de sécurité (842, 853, 874 et 884, la France, membre du Conseil de sécurité, votant toutes les résolutions condamnant l’occupation arménienne) et deux résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies.

"Un déni de réalité"

Interrogé par l'Agence Anadolu (AA), Zaur Zadiqbayli, membre du conseil d'administration du Congrès des Azerbaïdjanais de l’Europe, et coorganisateur de la mobilisation, a fait état de "plusieurs manquements de la part de certains élus qui sont apparus lors des précédentes discussions au sujet des relations conflictuelles entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie en 2020 et tout récemment lors de la discussion au Sénat le 15 novembre dernier".

Zaur Zadiqbayli a notamment constaté "des déclarations d’élus dénigrant ou mettant en cause l’intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières de l’Azerbaïdjan, particulièrement s’agissant de la région de Karabakh".

Rappelant que la France a reconnu l’indépendance de l’Azerbaïdjan en 1992, il a souligné que Paris a soutenu et voté les quatre résolutions de 1993 des Nations unies qui condamnaient l’occupation du territoire azerbaïdjanais par les forces armées de l’Arménie.

Le membre du conseil d'administration du Congrès des Azerbaïdjanais de l’Europe a également dénoncé "un déni de la réalité" notamment à travers la description des origines du conflit arméno-azerbaïdjanais comme une "invasion" de la part de l'Azerbaïdjan alors que les autorités internationales (et la République française) reconnaissent que c'est le contraire.

Zaur Zadiqbayli a également rappelé les principes régissant les relations internationales, singulièrement ceux soulignés par l'Assemblée générale des Nations unies concernant le rôle de médiation entrepris par les États et la nécessité de ces derniers d'adopter une position neutre.

Zadiqbayli a, ainsi, mis en évidence la contradiction du contenu du projet de résolution déposé à l'Assemblée nationale aux principes fondamentaux de la diplomatie internationale, notant que "tout cela ne mène à rien et fait de la France un médiateur impuissant".

Le conflit du Haut-Karabagh

Les relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques, sont tendues depuis 1991, lorsque l'armée arménienne a envahi et occupé le Haut-Karabakh et sept autres régions azerbaïdjanaises au cours la guerre du Karabagh (1988-1994).

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), au moins 500 000 réfugiés internes azerbaïdjanais ont fui les huit régions occupées par les forces arméniennes entre 1991 et 2020, celles-ci représentant un quart du territoire azerbaïdjanais.

Au cours d'un conflit de 44 jours ayant opposé l'Azerbaïdjan à l'Arménie du 27 septembre au 9 novembre 2020, l'Azerbaïdjan a libéré les régions de l'occupation arménienne, notamment le Haut-Karabakh et le district d'Aghdam.

Le cessez-le-feu signé le 10 novembre 2020 à Moscou entre le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, est considéré comme une défaite militaire et diplomatique pour l'Arménie, dont les forces armées, conformément à cet accord, se sont retirées des zones occupées par les colons et soldats arméniens depuis 1991, suite à l'implosion du bloc soviétique.

Le débat du projet de résolution, initialement prévu ce lundi, à l'Assemblée nationale, a été reporté à une date indéfinie.

AA