Blocage de l'avenue des Champs Elysées par les militants écologistes de "Derniere Renovation" à Paris / Photo: Reuters (Reuters)

L'utilisation des amendes comme alternative aux poursuites judiciaires, souvent accompagnée d'une interdiction de séjour de six mois dans la ville où la manifestation a eu lieu, est devenue monnaie courante en France. De plus, les défenseurs de l'environnement font l'objet de filatures et de surveillance, tandis que leurs domiciles sont perquisitionnés, parfois par des unités antiterroristes, soulignant l'intensification des tactiques répressives par les autorités.

En juin 2023, le mouvement environnemental "Les Soulèvements de la Terre", rassemblant environ 100 000 personnes, a été dissous par un décret gouvernemental, bien que cette décision ait été annulée en novembre 2023 par le Conseil d'État. Cette tentative de dissolution reflète une tendance "inquiétante" vers la "criminalisation" des mouvements écologistes en France selon le Rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l'environnement, Michel Forst. Dans un cas notable, des militants ayant bloqué l'entrée du ministère de la Transition écologique ont été poursuivis pour "port d'armes" en raison de la présence de couteaux à mousqueton dans leur équipement d'escalade, entraînant une interdiction de séjour à Paris.

Les tribunaux français ont fréquemment recours à la détention provisoire et imposent des conditions restrictives de mise en liberté sous caution pour les manifestants environnementaux, même en cas de délits mineurs. Cette situation est exacerbée par l'imprévisibilité des décisions judiciaires et la disparité des jugements, rendant difficile la défense des manifestants par leurs avocats.

L'usage excessif de la force par la police, notamment l'utilisation de gaz lacrymogènes et de lanceurs de balles de défense (LBD), a également été signalé. Cette pratique est devenue si courante que les manifestants et les journalistes se protègent désormais avec des équipements spécifiques lors des manifestations. En outre, les militants tentant de rejoindre des manifestations autorisées ont été soumis à de multiples contrôles d'identité et fouilles de véhicules, et se sont même vus confisquer leurs effets personnels par la police.

Dans un contexte plus large, des personnalités publiques françaises, incluant des représentants politiques tels que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ont qualifié des mouvements environnementaux «d'écoterroristes» et les ont comparés à des organisations criminelles, contribuant à un discours public qui associe les manifestations perturbatrices au terrorisme et à la violence. Ce discours a encouragé l'usage excessif de la force par les forces de l'ordre contre les manifestants.

Cette situation en France révèle une tendance inquiétante en Europe, où la répression des mouvements environnementaux s'intensifie, selon le rapport de l'ONU. Alors que la nécessité de protéger l'environnement devient de plus en plus urgente, la criminalisation et la répression des militants écologistes soulèvent des questions fondamentales sur la liberté d'expression et le droit à la protestation pacifique.

Agences