France: Les liaisons dangereuses du gouvernement Attal et des médias / Photo: AFP (AFP)
Les insultes de Rayan Nezzar, conseiller d'Attal

Le 18 janvier, une annonce a été publiée dans le Journal Officiel révélant la désignation de Rayan Nezzar au sein du cabinet du nouveau Premier ministre Gabriel Attal, pour devenir son conseiller “Action et comptes publics”.

Cette nouvelle n'est pas surprenante, sachant que Rayan Nezzar était déjà l’un des conseillers les plus proches d’Attal à l'époque où il était ministre délégué chargé des Comptes publics et ministre de l’Education nationale.

Ce qui a attiré en revanche l’attention dans le monde politico-médiatique, c’est que Rayan Nezzar, est en couple depuis plusieurs années avec une certaine Ivanne Trippenbach, l’actuelle cheffe du service politique du quotidien Le Monde.

Nezzar avait déjà défrayé la chronique en 2018, lorsqu’il avait été désigné porte-parole de la République en Marche et que d’anciens tweets extrêmement insultants à l'égard de journalistes et hommes politiques ont été exhumés par Buzfeed.

Entre 2012 et 2013, le jeune homme s'est livré à une série d'attaques verbales contre des journalistes et des figures politiques. En novembre 2012, il a tenu des propos insultants à l’encontre de Jean-François Copé l’accusant de faire du "populisme anti-Paris exactement comme Le Pen".

Il a également eu à l’encontre de la présidente du FN des propos outranciers, la qualifiant de personne de mœurs légères dans un autre message datant de la campagne présidentielle de 2012.

Dans d'autres captures d'écran, le porte-parole de LREM, poste qu’il a occupé pendant quatre jours à peine, avait également insulté Valérie Pécresse, Alain Juppé, la journaliste et polémiste Caroline Fourest et Manuel Valls.

Il ne s’est pas privé non plus de qualifier, dans un tweet datant de juin 2013, Bruno Le Maire, actuellement ministre de l'Économie, de "guignol" sans "aucune cohérence".

Après ces révélations, Nezzar avait effacé environ 6 700 messages de son compte Twitter avant de présenter ses excuses, admettant regretter d'avoir tenu des propos "irréfléchis".

Ivanne Trippenbach, conjointe de Nezzar

Comme le révèle une enquête d'Arrêt Sur Images, à cette époque, Ivanne Trippenbach est journaliste à l'Opinion et elle est déjà en couple avec Nezzar qu’elle avait rencontré à Sciences Po. En 2022, elle quitte l’Opinion pour rejoindre Le Monde et couvrir la campagne présidentielle de Marine Le Pen.

Entretemps, Emmanuel Macron gagne les élections présidentielles et Rayan Nezzar est nommé conseiller comptes et budgets sociaux de Gabriel Attal, alors ministre délégué auprès du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qu’il avait copieusement insulté en 2013.

Si Ivanne Trippenbach assure par “précaution” ne pas avoir “écrit sur le périmètre de [son] conjoint, à savoir les comptes sociaux”, elle a régulièrement écrit sur le gouvernement Borne, ce qui avait déjà commencé “à faire grincer des dents en interne au Monde”, rapporte Arrêt Sur Images.
Mais les choses se compliquent davantage, lorsqu’en octobre 2023, Ivanne Trippenbach est nommée cheffe du service politique du Monde, alors que son conjoint Rayan Nezzar continuait à gravir les échelons de la politique avec son arrivée au cabinet du nouveau ministre de l'Education, Gabriel Attal.

“La crédibilité du journal remise en question” Depuis la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre, le maintien de Trippenbach en tant que cheffe du service politique du Monde provoque des remous au sein même de la rédaction du journal.

"C'était déjà un problème à Bercy et à l'Éducation. Quand elle est devenue cheffe du service politique, la question s'est tout de suite posée dans la rédaction. Là, on passe à un niveau supérieur", confie à Arrêt sur Images, une journaliste en responsabilité au Monde qui s’exprime sous couvert d’anonymat.

"Je suis abasourdie par les atermoiements du journal. On ne peut pas avoir une cheffe de service politique qui est la compagne d'un membre du cabinet du Premier ministre. Ça devrait être une évidence pour elle, et encore plus pour la direction de la rédaction” poursuit-elle encore, ajoutant que cette position “n’est pas tenable parce que ça va avoir des conséquences sur tout ce que va écrire le service politique, c'est de la crédibilité d'un journal dont il est question ici”.

Les relations multiples d’Oudéa-Castéra

La nouvelle ministre de l’Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra, qui se retrouvait déjà au cœur d’une polémique autour de la scolarisation de ses enfants et du contournement de Parcours sup, fait l’objet d’une nouvelle débâcle impliquant ses relations avec le monde médiatique.

De récentes informations révèlent que la nouvelle ministre de l’Education nationale, est la nièce de Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique chez France TV.

Ainsi il n’est pas étonnant que lors d’une émission diffusée le 17 janvier sur France info, où sont évoqués les propos polémiques d’Oudéa-Castéra, Nathalie Saint-Cricq défend bec et ongle sa nièce qui s'était attirée les foudres des enseignants après avoir exprimé sa “frustration” de voir "des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées" à l'école publique.

Mais ce n’est pas la seule liaison que la nouvelle ministre de l’Education possède avec le monde politico-médiatique.

Fille du directeur du groupe de communication Publicis et d'une directrice des ressources humaines, Amélie Oudéa-Castéra est mariée à Frédéric Oudéa, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et ex-banquier en chef de la Société générale devenu président du géant pharmaceutique Sanofi.

Elle est aussi la nièce des journalistes politiques Alain et Patrice Duhamel, et la cousine du journaliste de BFMTV Benjamin Duhamel. Cette femme de 45 ans, formée à Sciences-Po, l’ENA et l’Essec, n’a jamais été élue mais a bénéficié d'une promotion éclair en obtenant, en plus des Sports et des JO, le ministère de l'Education.

Elle est brocardée depuis plusieurs semaines comme un symbole de certaines élites françaises mariant la politique et les mondes de l'argent et des médias, pratiquant l'entre-soi scolaire et affichant sans complexe leur mépris de l'école publique.

TRT Francais