France : l'Assemblée s'organise avant un discours crucial de Borne (Reuters)

La France est plongée dans l'incertitude politique depuis le second tour des législatives le 19 juin où M. Macron, pourtant confortablement réélu en avril, a perdu sa majorité absolue et doit se contenter d'une majorité relative de 250 députés sur 577.

La Première ministre Elisabeth Borne fera sa déclaration de politique générale devant le Parlement le 6 juillet, ce qui implique qu'elle ait achevé d'ici là la formation du "nouveau gouvernement d'action" dont M. Macron l'a chargée.

Donné favori, le député La France insoumise (LFI-gauche radicale) de Seine-Saint-Denis (région parisienne) Eric Coquerel, candidat de la coalition de gauche, a été élu pour un an président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

M. Coquerel, 63 ans, siégeait déjà parmi les 70 membres de la commission lors de la précédente législature.

Cette commission est la seule dont la présidence est réservée à l'opposition depuis 2007 et cette élection était de loin la plus scrutée, car elle a un rôle stratégique d'examen des budgets avant leur arrivée dans l'hémicycle, ou de projets de loi comme celui sur le pouvoir d'achat attendu en juillet.

Elle offre aussi l'accès à des informations couvertes par le secret fiscal, sans cependant pouvoir les dévoiler.

M. Coquerel s'est imposé au troisième tour avec 21 voix contre 11 pour le député Rassemblement national (RN-extrême droite) Jean-Philippe Tanguy et 9 pour la députée Les Républicains (LR -droite) Véronique Louwagie, alors que les députés de la majorité se sont abstenus.

Les membres des autres commissions permanentes (Affaires culturelles et éducation, Affaires économiques, Affaires étrangères, Affaires sociales, Défense nationale et forces armées, Développement durable et aménagement du territoire, Finances, Lois) ont également élu leurs présidents et bureaux.

La majorité présidentielle se partage les présidences de ces sept autres commissions.

Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, les commissions permanentes disposent d'un pouvoir accru. Elles sont les premières à se saisir d'un texte qui correspond à leur champ de compétence et peuvent l'amender.

Urgence du pouvoir d'achat

Depuis le second tour des élections législatives, le président Macron ne dispose plus que d'une majorité relative - la plus basse de l'histoire de la Ve République, créée en 1958 -, ce qui le contraint à trouver des alliances pour mettre en œuvre son programme de réformes, notamment sur les retraites.

La France est peu habituée aux coalitions de gouvernement, contrairement à de nombreux autres pays européens.

L'exécutif français est aussi confronté à l'ouverture d'une enquête pour tentative de viol après qu'une femme a déposé plainte contre le ministre des Solidarités Damien Abad.

Cette femme l'accuse d'avoir tenté de la violer lors d'une fête organisée chez lui, à Paris, au premier semestre 2010.

Son témoignage avait été publié par le site d'investigation Mediapart mi-juin. Selon Mediapart, il s'agit d'une "élue centriste" qui était, au moment des faits qu'elle dénonce, présidente d'une fédération du mouvement de jeunesse du Nouveau centre, dont M. Abad, alors député européen, était le président national.

Lundi, le ministre avait à nouveau contesté les accusations et annoncé déposer une plainte en dénonciation calomnieuse.

La question du maintien au gouvernement de M. Abad est plus que jamais posée, alors que Mme Borne a entamé lundi ses consultations pour la formation d'une nouvelle équipe.

Que vont décider Emmanuel Macron, de retour en France jeudi soir après un long tunnel de sommets internationaux, et la Première ministre ?

Le président français a confirmé samedi sa "confiance" en Mme Borne, dont le sort faisait l'objet de spéculations, et l'a chargée de sonder si un "accord de gouvernement" est possible.

Parmi les priorités de la nouvelle législature figurent des mesures urgentes de sauvegarde du pouvoir d'achat des Français, malmené par l'inflation, comme ailleurs en Europe.

AFP