Des dizaines d'agriculteurs en colère ont forcé les portes du parc des expositions de la Porte de Versailles / Photo: Reuters (Reuters)

Des dizaines d'agriculteurs en colère ont forcé samedi les portes du parc des expositions de la Porte de Versailles et s'opposaient à des unités de CRS déployées pour ramener le calme alors qu'Emmanuel Macron est arrivé pour inaugurer le Salon de l'agriculture.

Des slogans appelant à la démission du président de la République ont été entonnés par les agriculteurs qui faisaient face à des unités de CRS, à l'intérieur du Salon de l'agriculture, au milieu des exposants et des animaux.

Un peu plus tôt, Emmanuel Macron est arrivé au parc des expositions de la porte de Versailles pour inaugurer l'ouverture du Salon de l'agriculture et tenait une réunion dans une salle du salon avec certains ministres et représentants agricoles.

Le Salon de l'agriculture s'ouvre dans un climat de haute tension avec les agriculteurs qui ne désarment pas, comme dans le reste de l'Europe, après des semaines de manifestations.

La colère paysanne résonnera également à l'extérieur du parc des expositions de la porte de Versailles, ont averti les deux principaux syndicats du secteur, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA). Des cortèges de tracteurs sont notamment annoncés dans la capitale.

Les nombreuses mesures et gestes d'apaisement consentis par le gouvernement n'ont pas suffi à faire taire les revendications.

Le directeur du Ceneca, organisateur du salon, a mis en garde jeudi sur BFM TV contre toute perturbation, soulignant que l'événement, qui dure jusqu'au 3 mars, devait rester "une belle fête".

"Évidemment, c'est le salon des agriculteurs, évidemment on comprend les revendications (...) et les manifestations. Mais les manifestations, (ce n'est) pas au salon", a-t-il souligné, ajoutant que les mesures de sécurité seraient à leur maximum.

Ce rendez-vous prisé, qui a attiré 615.000 visiteurs en 2023, est l'occasion chaque année d'un défilé de responsables politiques venus courtiser un électorat précieux.

Mais la venue du président de la République est d'ores et déjà ternie par une polémique autour du grand débat qu'il avait appelé de ses voeux avec agriculteurs, distributeurs, industriels et organisations de défense de l'environnement.

La FNSEA a refusé vendredi de participer à l'échange, qu'elle qualifie de "cynique". Face aux nombreuses manifestations de défiance, Emmanuel Macron a finalement annulé le rendez-vous. Le président a cependant invité les syndicats qui le souhaitent à venir tout de même à sa rencontre samedi matin, ce que la FNSEA et la Coordination rurale ont accepté.

La perspective des élections européennes, en juin prochain, renforce l'intérêt de l'édition 2024.

Le monde agricole français est historiquement ancré au centre-droit, mais le Rassemblement national (RN) progresse en son sein.

Le président du RN, Jordan Bardella, est ainsi attendu dimanche et lundi au Salon. Eric Ciotti (Les Républicains) s'y rendra lundi avec les têtes de liste aux européennes François-Xavier Bellamy et Céline Imart. Edouard Philippe (Horizons) leur succédera mardi et jeudi, puis Laurent Wauquiez (LR) mercredi.

La tête de liste socialiste aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, effectuera une visite dimanche.

Ils devraient y croiser l'égérie du salon, Oreillette, une vache normande de cinq ans.

Reuters