Soldats dans le Sahel / Photo: Reuters (Reuters)

Les derniers militaires français au Sahel vont quitter le Niger en fin d'année, après dix ans de lutte contre le terrorisme, dans un contexte d’hostilité grandissante à la politique française. Sur le terrain, les terroristes sont plus forts et envisagent même de prendre pied dans les États côtiers.

Les derniers soldats français stationnés au Niger vont quitter le pays dès la fin de l’année. Le président Emmanuel Macron l’a annoncé le 24 septembre. Ce départ marquera la fin de l’intervention militaire française dans le Sahel.

Tout avait commencé en 2012 au Mali. Le Mouvement National de Libération de l’Azawad qui prône l'autodétermination et l'indépendance de l’Azawad ( Kidal, Tombouctou et Gao) et le groupe armé terroriste Ansar Dine de Iyag ad Ghali et AQMI ( Al Qaïda au Maghreb Islamique) s'étaient emparé du nord Mali avec l’intention de conquérir Bamako, la capitale malienne.

C’est alors qu'à la demande du président Dioncounda Traoré du Mali, la France intervient en janvier 2013 dans le cadre de l'opération Serval.

L'objectif est de repousser l'avancée des troupes rebelles, de sécuriser Bamako et de rétablir l'intégrité territoriale du Mali.

L'opération serval avec ses 1800 hommes réussit à freiner l'avancée des troupes rebelles sur Bamako et à maintenir la capitale en sécurité.

Les villes de Gao, Tombouctou et Kidal sont aussi libérées.

Lors d'une conférence de presse depuis l'Élysée, juste avant de partir pour Bruxelles pour le sommet UE-Union africaine les 17 et 18 février 2022, le chef de l'État français, Emmanuel Macron n’a pas tari d’éloges à l’endroit des soldats de l'opération Serval. "Que se serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir ? Vous auriez eu à coup sûr un effondrement de l'État malien", avait-il insisté.

S'exprimant sur les ondes de France Info, le journaliste et spécialiste du Sahel, Seidik Abba, concède que l'opération française Serval avait été un succès. "Serval devait arrêter la poussée terroriste et libérer les villes du nord du Mali. Ce qui a été fait. Globalement, l'opération a été un succès militaire et politique à la fin de l'année 2013. Elle est alors circonscrite essentiellement au Mali", décrit Seidik Abba.

Les forces françaises s’enlisent

Barkhane prend le relais de l'opération Serval le 1ᵉʳ août 2014. Avec 3000 éléments, elle va au-delà du Mali, avec pour objectif de combattre les groupes armées terroristes et de permettre aux pays sahéliens (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso) d’assurer leur propre sécurité.

Neuf ans après, force est de constater que les groupes armés se sont adaptés, en étendant leur champ d’intervention au Burkina Faso et au Niger. La zone dite des trois frontières – entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger est devenu l’épicentre du terrorisme. Les groupes terroristes armes semblent avoir résisté, malgré des revers comme l’élimination, en mai 2015, d’un leader

comme Amada Ag Hama, dit “Abdelkrim le Touareg”, lié à l’enlèvement et au meurtre de deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, à Kidal, en 2013.

Manifestement, la France n’avait plus les moyens de sa politique, pour sécuriser un vaste espace de 5 millions de mètres carrés. L'instabilité politique au Mali avec deux coups d’État en moins d’un an (18 aout 2020 et 25 mai 2021) a fragilisé le front de la lutte contre le terrorisme. Le 15 aout 2022 les forces françaises seront contraintes de plier bagages, face à l’adversité d’un pouvoir militaire malien devenu hostile.

En janvier 2023, le Burkina Faso emboitera le pas au Mali en demandant à son tour le départ dans un délai d'un mois des troupes françaises sur place, en dénonçant un accord de décembre 2018 "relatif au statut des forces armées françaises intervenant" dans ce pays. Le contingent d’environ 400 soldats des forces spéciales de Sabre, est parti en février.

Le bilan de la lutte contre les groupes armés terroristes est loin d’être convaincant pour certains analystes.

"La présence terroriste est plus forte en 2023 qu'en 2013. Avant l'opération Serval, le djihadisme était un phénomène qui était composé de Touaregs, d'Algériens, de Sahraouis. Il est désormais un phénomène endogène. On a assisté à une indigénisation terroriste. Amadou Koufa, chef de la Katiba Macina est un Malien, un Peul. Et puis surtout les groupes armés sont de plus en plus puissants, regroupés autour d'Al Qaida et du groupe État islamique. Celui-ci a dernièrement fait une démonstration de force dans le sud du Mali sans être menacé. La menace terroriste touche maintenant un pays comme le Burkina. Des coups d'État ont eu lieu au Mali et au Burkina Faso mettant fin à des régimes civils élus. Les pays du Golfe de Guinée sont également désormais menacés par les terroristes", explique Seidik Abba.

Avec le départ des troupes françaises, les pays du Sahel se trouvent face à une équation du terrorisme bien complexe.

Et au-delà du Sahel, le terrorisme parti du nord du Mali se repend déjà vers les États côtiers. Des attaques ont déjà eu lieu dans le nord du Togo, de la Côte d'Ivoire et du Ghana.

https://www.trtfrancais.com/actualites/cote-divoire-alerte-aux-trafics-des-groupes-terroristes-dans-le-nord-du-pays-15017249

TRT Français et agences