Jordan Bardella a lancé sa campagne pour les Européennes à Marseille le 3 mars denier.  Photo: AFP (AFP)

Le 14 mars dernier, le HufftingPost publiait les résultats de son agrégateur de sondages. Jordan Bardella du RN arrive en tête avec 30,1 % des intentions de vote. Le groupe Renaissance capitalise 18,3% des intentions de vote. Sans union, la gauche est loin derrière en espérant juste dépasser les 10%. Dans les sondages, seul le PS atteint cette barre pour l’instant. Hervé Moritz, le président de Mouvement européen France, ne veut pas s’alarmer. “En 2019, le RN était aussi donné gagnant avec un fort écart en sa faveur mais au fur et à mesure que le scrutin s’est approché, il a perdu du terrain”. Le RN est tout de même arrivé en tête de l’élection avec 200 000 voix d’avance.

C’est vrai que la campagne pour les européennes n’a pas vraiment commencé, le vote ayant lieu le 9 juin. La tête de liste Renaissance, Valérie Hayer est peu connue du grand public et commence seulement à être identifiée. Selon les instituts de sondage, les intentions de vote actuelles sont le miroir de la baisse de popularité des macronistes en France. Thierry Chopin, professeur de science politique au Collège d’Europe de Bruges pense la victoire du RN inéluctable et estime que le RN a des atouts : “un candidat connu, un message clair avec trois points, l’immigration, l’identité, et le climatoscepticisme. Ils capitalisent sur le sentiment d’appauvrissement et de déclassement d'une partie de la population à cause de l’inflation“.

En face, le camp Macron ne mène pour l’instant pas l’agenda sur la question européenne. Le président français qui a toujours voulu incarner un destin européen a pourtant réduit son discours à la question ukrainienne et son opposition à la Russie. “Il y a un défaut de message politique, conclut Thierry Chopin. “Pour le camp Macron, il faut souligner que ce sont les seules élections nationales avant 2027 et les élections présidentielles. Ce sont un peu les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Donc, si les sondages sont confirmés, ce sera une défaite pour le président”. Hervé Moritz ne dit pas autre chose, “ le contexte national est difficile pour la majorité présidentielle. Pourtant, ses élus au Parlement européen ont un vrai bilan à défendre comme le plan de relance après la crise du Covid.”

Raphael Glucksmann mène la liste PS Place Publique (source AFP) (AFP)

L’Europe et les sirènes du populisme

Le scénario français semble vouloir se répéter ailleurs en Europe. D’après l’analyse du Conseil européen pour les relations internationales publiée en janvier dernier, “9 États membres sur 27 pourraient voir la droite radicale ou l’extrême droite l’emporter aux prochaines européennes: Belgique, France, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Autriche, Pays-Bas, Italie, Hongrie. D’après l’analyse du ECFR, les partis populistes devraient également arriver en deuxième ou troisième position dans neuf autres pays. Hervé Moritz admet que c’est fort possible et qu’avec ses collègues des autres pays européens, ils sont circonspects. Mais les élections européennes sont un scrutin de liste à un tour et à la proportionnelle. “Tous les partis politiques qui feront au moins 5% auront des députés.” Comprenez, il n'y aura pas 81 députés français RN à Strasbourg.

Le Mouvement européen a lancé une campagne pour appeler à voter le 9 mai (Mouvement européen)

Thierry Chopin assure également qu’il n’y aura pas de coup de tonnerre dans le ciel des institutions européennes. Le groupe PPE qui réunit la droite modérée et les sociaux-démocrates avec le groupe Renew qui réunit les libéraux restera le bloc le plus important dans le prochain parlement même si il sera affaibli", affirme-t-il. Et “une union des droites extrêmes en un seul bloc politique est aussi peu probable, certains de ces partis sont anti-Union européenne, d’autres sont prêts à travailler avec le système européen”, selon le politologue.

Alors, quel parlement européen après le 9 juin ? Un parlement plus à droite sans doute. “Mais personne n’a de majorité absolue au parlement, il faut construire une coalition”, nuance Hervé Moritz. Son mouvement a lancé une campagne, “l’Europe pour de bon”, il veut mobiliser les électeurs. En 2019, le taux de participation était de 50,66% , la moitié des électeurs ne s’était donc pas déplacée.

TRT Francais