Ces entreprises françaises qui arment Israël (Others)
Eurolinks

Des révélations récentes ont mis à nu une controverse majeure concernant les exportations d'armes françaises vers Israël.

En dépit des engagements contraires du gouvernement français, une cargaison secrète contenant plus de 100 000 pièces de cartouches pour des fusils mitrailleurs a été autorisée à être envoyée en Israël en octobre 2023.

Selon les enquêtes menées par Disclose et Marsactu, cette cargaison aurait été expédiée depuis Marseille par la société Eurolinks, spécialisée dans la fabrication d'équipements militaires.

Alors que les autorités françaises soutiennent que ces équipements sont destinés à des missiles défensifs, des preuves photographiques suggèrent qu'ils sont en fait utilisés pour les mitrailleuses de l'armée israélienne.

Les pièces en question, connues sous le nom de maillons M27, sont cruciales pour relier les balles de fusils mitrailleurs. Leur absence compromettrait le fonctionnement de ces armes, soulignant ainsi leur importance stratégique.

Malgré les dénégations officielles, les images obtenues par les enquêteurs montrent clairement des caisses de ces pièces entreposées dans un hangar appartenant à Eurolinks, prêtes à être expédiées vers Israël.

L'entreprise israélienne destinataire des cargaisons, IMI Systems, est spécialisée dans la fabrication de munitions de petit calibre. Elle fournit Tsahal en balles de calibre 5,56, utilisées notamment dans les mitrailleuses Negev 5.

Ces armes ont été impliquées dans des incidents meurtriers à Gaza, suscitant des condamnations internationales, notamment suite à l'incident tragique connu sous le nom de "massacre de la farine", révèlent les enquêtes de Disclose et Marsactu.

Dans la foulée, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, qui affirmait le 27 février dernier, sans hésitation “qu’objectivement, il n’y a pas de relations en termes d’armement avec Israël”, a dû se rétracter après les nouvelles révélations, avant d’affirmer cette fois-ci que “la licence française qui a été donnée ne donne pas droit à l’armée israélienne d’utiliser ces composants”.

Une déclaration qui n’a pas convaincu l’opinion publique, si l’on en croit les nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

Si les révélations sur la fourniture de matériel militaire après le 7 octobre sont nouvelles, l’entreprise marseillaise est en revanche loin d'être la seule entreprise française à fournir l’armée israélienne et à collaborer avec celle-ci.

Un rapport très précis publié par le collectif “Stop Arming Israel France” met en lumière la collaboration des grands groupes français tels que Dassault, Airbus, Thales, avec Israël, notamment dans le domaine de la défense.

Dassault

Depuis sa création en 1948, Israël a bénéficié d'un soutien militaire significatif de la part de la France, marquant ainsi le début d'une coopération militaire qui ne va jamais cesser de se développer au fil du temps.

Cette assistance comprenait une fourniture variée d'armements, des avions de combat aux missiles ainsi que des collaborations dans le domaine nucléaire.

Dès les premières années de son existence, Israël s'est tourné vers la France pour équiper son armée naissante. Des entreprises telles que Dassault Aviation ont joué un rôle crucial en fournissant à Tel Aviv des avions de combat de pointe, tels que les modèles Mystère IV, Mirage III et Mirage 5.

En 1954, Israël devient l'un des premiers clients étrangers de Dassault Aviation en acquérant 24 avions MD-450 Ouragan, marquant ainsi le début d'une relation fructueuse.

Cette coopération prend une nouvelle dimension en 1962 lorsque, sur demande du gouvernement français, Dassault conçoit le missile balistique MD-620 Jéricho spécialement pour Israël, soulignant ainsi la confiance mutuelle entre les deux partenaires.

L'engagement de Dassault envers Israël est mis à l'épreuve lors de la Guerre des Six Jours en 1967. Les bombardiers Mirage III de Dassault qui sont utilisés pendant la Guerre des Six Jours se révèlent être des atouts cruciaux pour les forces israéliennes.

Malgré l'embargo sur les ventes d'armes à Israël, Dassault maintient sa collaboration de manière discrète. Des rapports indiquent que l'entreprise aurait fourni clandestinement des plans et des pièces, contribuant ainsi à la production de copies des avions Mirage 5 par Israel Aerospace Industries (IAI).

Présence de Dassault en Palestine occupée

Les industries de défense israéliennes telles qu'Elbit, IAI et Rafael font usage de logiciels développés par Dassault Systèmes. Il est à noter que Dassault Systèmes a une présence même en Palestine occupée, avec un siège implanté à Ra'anana, une ville érigée sur les vestiges du village palestinien de Tabsur, datant de 1948.

Mais la coopération entre Dassault et Israël s'étend également à des domaines stratégiques tels que la collecte de renseignements.

En 2020, les deux entreprises unissent leurs forces dans un programme de modernisation d'avions militaires destinés à des missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance.

La relation entre Dassault et Israël ne se limite pas aux collaborations industrielles, mais s'étend également aux investissements économiques.

En 2017, Laurent Dassault, à la tête de Dassault Investissements, affirme haut et fort l'engagement financier de son groupe en Israël : “Je suis le Dassault qui est revenu en Israël, celui de la famille qui y va pour investir, avec le soutien du Groupe, le plus pro-israélien”.

Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA)

Le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) de la France, établissement public à caractère industriel et commercial, est un pilier dans le domaine de la recherche nucléaire, touchant des secteurs aussi divers que l'énergie, la défense, les technologies de l’information et de la communication, les sciences de la matière, et les sciences de la vie et de la santé.

Toutefois, son histoire révèle une coopération passée, souvent dissimulée, avec Israël dans le domaine de l'armement atomique.

Entre 1956 et 1960, la France a secrètement fourni à Israël la technologie nécessaire pour développer son programme nucléaire. Une collaboration clandestine entre le CEA et le Mossad a abouti à la construction de la centrale nucléaire de Dimona, au cœur du désert du Néguev.

Des centaines d'ingénieurs français ont été mobilisés, et d'innombrables pièces fabriquées en France ont été livrées à Israël via des moyens détournés. Bien que cette coopération ait été révélée au public en 1960, elle a perduré pendant plusieurs années, malgré les objections du président français de l'époque, Charles de Gaulle.

L'aboutissement de cette collaboration a été la capacité d'Israël à produire sa première bombe atomique en 1966 et à développer avec succès des missiles capables de transporter des têtes nucléaires.

Ce partenariat a non seulement été une étape majeure dans l'histoire d'Israël, mais il a également suscité des controverses internationales quant à la responsabilité de la France dans la prolifération des armes nucléaires.

De nos jours, bien que les aspects les plus controversés de cette coopération aient été relégués au passé, la collaboration entre la France et Israël dans le domaine nucléaire demeure.

Depuis 2007, la Commission Israélienne de l’Énergie Atomique (IAEC) participe à la construction du réacteur de recherche Jules Horowitz (RJH) sur le site du CEA à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.

Bien que ce projet ait été initialement prévu pour être terminé en 2014, il est encore en cours en 2024, absorbant toujours d'énormes investissements financiers publics.

Officiellement, ce réacteur de recherche est destiné à étudier le comportement des matériaux et des combustibles sous irradiation à des fins civiles. Cependant, il est indéniable que les connaissances et les technologies développées dans le domaine civil peuvent potentiellement être détournées à des fins militaires.

Cette dualité soulève des questions sur la nature exacte de la coopération actuelle entre la France et Israël dans le domaine nucléaire et sur les implications éventuelles pour la stabilité régionale et internationale.

Airbus

Depuis ses débuts, Airbus a été un acteur majeur dans le domaine de l'aéronautique, mais ses activités dans le secteur militaire ont souvent suscité des controverses. En particulier, sa collaboration avec des partenaires internationaux comme Israël et la nature des contrats signés ont soulevé des préoccupations éthiques.

Dans les années 90 Eurocopter, désormais Airbus Helicopters, a vendu des hélicoptères AS565 Panther à la marine israélienne. Ces hélicoptères, rebaptisés Atalef, sont toujours utilisés aujourd’hui pour des missions de surveillance des côtes de Gaza.

Dans les années 2000, Airbus s'est associé à Israel Aerospace Industries (IAI) pour développer le drone Harfang, qui a été intégré dans l'Armée de l'air française en 2008.

Ce drone, basé sur les modèles Heron et Heron TP d'IAI, a été utilisé lors de conflits tels que l'opération "Plomb durci" en 2008-2009 à Gaza, suscitant des critiques pour son rôle dans le massacre de Palestiniens.

L'implication d'Airbus dans le développement de technologies militaires s'est également manifestée à travers des contrats plus récents. En 2022, Airbus a signé un accord avec Elbit Systems (entreprise israélienne) pour équiper ses avions militaires A330MRTT de systèmes de protection anti-missiles infrarouge.

Thales

Depuis sa création par la fusion des branches spécialisées dans les activités militaires d'Alcatel, Dassault Électronique et Thomson-CSF en 2000, l’entreprise française Thales s'est imposée comme un acteur majeur dans le domaine de l'aérospatiale, de la défense, de la sécurité et du transport.

Toutefois, tout comme les entreprises mentionnées plus haut, son parcours n'a pas été sans susciter de polémique, notamment en raison de ses partenariats avec des entreprises israéliennes et de leur implication dans le massacre de Palestiniens.

En 2005, Thales crée une coentreprise avec Elbit Systems, connue sous le nom de UAV Tactical Systems (U-TacS). Cette collaboration a donné naissance au Watchkeeper WK450, un drone basé sur le Hermes 450 d’Elbit, principalement utilisé pour la surveillance et les opérations militaires, y compris des bombardements, dans la région de Gaza.

Malgré les critiques et les préoccupations concernant l'utilisation de ce drone dans des zones de conflit, le Watchkeeper a été mis en service en 2014 et est toujours utilisé par l’armée de l’air israélienne.

De plus, en 2021, U-TacS détenait encore des licences d’exportation vers Israël, ce qui permet à Thales de fournir des pièces détachées de drones à son partenaire israélien Elbit.

En 2021, Thales s'est également associé à Israeli Aerospace Industries (IAI) pour concevoir le missile anti-navire Sea Serpent.

En plus de ses partenariats, Thales s'est également engagé dans la production de composants essentiels pour les drones d’IAI. En 2015, Thales et IAI ont annoncé avoir intégré avec succès le système de liaison de données radio TMA6000 à bord du drone Heron d’IAI, améliorant ainsi ses performances.

De plus, Thales fournit le Transpondeur IFF TSC 4000, qualifié pour être utilisé sur des drones Heron et Watchkeeper. Ces drones sont régulièrement déployés sur la bande de Gaza.

TRT Francais