Meta / Photo: Reuters (Reuters)

Un groupement de médias canadiens a demandé mardi au gendarme de la concurrence d'enquêter sur la décision de Meta de bloquer l'accès aux contenus médiatiques sur Facebook et Instagram, l'accusant d'utiliser sa "position dominante" pour s'accaparer les revenus de la publicité en ligne.

Meta cherche à "mater les entreprises de presse canadiennes" et à "les empêcher de participer et d'accéder au marché de la publicité", dénonce un groupement de médias réunissant la plupart des éditeurs et diffuseurs du pays dans un communiqué.

Par son "comportement anticoncurrentiel", l'entreprise américaine "renforcera sa position déjà dominante dans la publicité et dans les médias sociaux et nuira au journalisme canadien", a-t-il ajouté.

A eux seuls, Facebook et Instagram représentent plus de 70% du marché des médias sociaux en ligne au Canada, soutient ce groupement de médias.

La semaine dernière, Meta a commencé à bloquer l'accès des Canadiens aux contenus médiatiques sur ses plateformes, en réponse à la nouvelle loi d'Ottawa obligeant les géants du numérique à payer les éditeurs.

Depuis, de plus en plus d'internautes n'ont plus la possibilité de visionner ou de partager les liens et le contenu affichés par les médias canadiens, mais aussi étrangers.

Le groupement médiatique demande ainsi au Bureau de la concurrence d'interdire à l'entreprise de "continuer à bloquer l'accès des Canadiens au contenu journalistique", tout en insistant pour que l'entreprise s'abstienne "de discriminer ou de pénaliser, par algorithme ou autrement, le contenu des organismes d'information canadiens".

La maison mère de Facebook et Instagram n'a pas directement réagi à la requête, préférant rappeler que la loi "s'appuie sur l'idée erronée que Meta bénéficie de façon inéquitable du contenu d'actualité partagé sur ses plateformes, alors que c'est tout le contraire".

Selon le géant américain, les médias se servent volontairement de Facebook et Instagram pour "accroître leur lectorat et augmenter leurs bénéfices", sachant que "ce n'est pas l'actualité qui pousse les personnes à utiliser nos plateformes".

Adoptée en juin, la loi C-18 sur l'information en ligne s'inspire d'une mesure similaire introduite en Australie en 2021 et vise à soutenir un secteur canadien des médias en difficulté.

Elle oblige les géants du numérique à conclure des accords commerciaux équitables avec les médias locaux pour le contenu diffusé sur leurs plateformes, sous peine de devoir recourir à un arbitrage contraignant.

Selon un rapport parlementaire publié en octobre, la législation pourrait permettre aux journaux canadiens de recevoir environ 330 millions de dollars canadiens (226 millions d'euros) par an.

AFP