Burkina: le gouvernement de transition affirme avoir déjoué une "tentative de coup d'État" / Photo: Reuters Archive (Reuters Archive)

Les militaires, au pouvoir au Burkina Faso depuis un an, ont affirmé hier soir à la télévision nationale avoir déjoué, dans la nuit du 26 au 27 septembre, un coup d’État mené par des militaires et des membres des services de renseignement.

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le gouvernement "informe l'opinion publique qu'une tentative avérée de coup d'État a été déjouée ce 26 septembre 2023 par les services de renseignement et de sécurité burkinabè".

"À l'heure actuelle, des officiers et d'autres acteurs présumés impliqués dans cette tentative de déstabilisation ont été interpellés et d'autres, activement recherchés", poursuit le gouvernement qui déplore que les auteurs de cette tentative de putsch "nourrissaient le sombre dessein de s’attaquer aux institutions de la République et de précipiter (le) pays dans le chaos".

Mardi soir, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale Ouagadougou à l'appel de soutiens du capitaine Traoré pour le "défendre" face aux rumeurs de putsch qui agitaient les réseaux sociaux.

"Il est notre choix et fait ce que le peuple souhaite. On est là pour dire que si quelqu'un veut le toucher il doit d'abord passer sur nos corps", a déclaré à l'AFP, Salam Ilboudo, un manifestant.

Assurant vouloir faire "toute la lumière sur ce complot", le gouvernement "regrette que des officiers dont le serment est de défendre la Patrie, se soient fourvoyés dans une entreprise d'une telle nature qui vise à entraver la marche du peuple burkinabè pour sa souveraineté et sa libération totale des hordes terroristes qui tentent de l'asservir".

Des rumeurs insistantes

Ces dernières semaines, les conversations des Burkinabés étaient rythmées par les rumeurs insistantes de coups d’État.

En juillet dernier, alors que le président Ibrahim Traoré assistait au sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, le chef d'État-Major Général des Armées du Burkina Faso, le colonel-major Célestin Simporé avait démenti, les rumeurs insistantes faisant état de mouvements d’humeur dans certaines casernes.

Mais le problème a pris une autre ampleur lorsque l’hebdomadaire Jeune Afrique a fait état, le 20 septembre, d’un mécontentement dans certaines casernes de Ouagadougou.

Le journal écrivait alors “des mouvements d’humeur ont eu lieu mercredi 20 septembre dans la soirée dans différents camps militaires - y compris au camp Lamizana de Ouagadougou-avant d’être finalement contenus".

D’après le journal, les soldats seraient mécontents par les pertes subies dans leurs rangs lors des affrontements avec les terroristes et de la récente décision du capitaine Ibrahim Traoré d’envoyer des soldats au Niger le cas échéant, pour soutenir les militaires sous la menace d’une intervention des forces de la CEDEAO.

Le 25 septembre, Jeune Afrique revenait encore sur la situation au Burkina Faso en faisant allusion " aux brèves rafales" de tirs entendues au camp Guillaume Ouedraogo dans le centre de Ouagadougou la veille. Le journal indiquait que des tirs avaient même été entendus près de la Primature qui sert de bureau au capitaine Traoré.

En réaction à ces informations, les autorités burkinabés ont pris la décision d’interdire la diffusion de Jeune Afrique dans le pays.

Sur le pied de guerre

Même si elles donnaient l’impression de sérénité, les autorités étaient déjà sur le pied de guerre.

Hier sur son compte X précédemment Twitter, le capitaine Traoré a souligné sa détermination à aller au bout du processus de transition.

"Ensemble, nous nous sommes engagés pour la libération de notre Pays. Je rassure de ma détermination à conduire la Transition à bon port en dépit de l’adversité et des différentes manœuvres pour stopper notre marche inexorable vers une souveraineté assumée. (...). MERCI à l’ensemble des Burkinabè qui assurent continuellement la veille citoyenne, gage d'une réussite collective !, a concédé le président de la transition burkinabé".

Cette tentative de putsch présumée survient quasiment un an jour pour jour après la prise de pouvoir par un coup d'État du capitaine Traoré, le 30 septembre 2022.

Il s'agissait alors du deuxième coup d'État en huit mois que connaissait le Burkina Faso, miné depuis près de dix ans par des violences terroristes sanglantes sur une grande partie de son territoire.

Agences