Buenos Aires: dans la rue, la protestation s'étend contre le coût de la vie (Others)

La plus importante manifestation, aux abords du Parlement, a rassemblé plusieurs milliers de personnes à l'appel de syndicats, dont la grande CGT (Confédération générale du Travail), traditionnellement alliés du gouvernement péroniste de centre-gauche.

Cette marche visait, selon les organisateurs, à "défendre le gouvernement et dénoncer ceux qui prennent le pain de la bouche des travailleurs", fustigeant en particulier les "entrepreneurs spéculateurs" accusés d'attiser l'inflation dans laquelle l'Argentine s'enlise (46,2% depuis janvier, 71% sur un an).

Elle a ciblé "la spéculation financière de ceux qui escomptent des bénéfices importants d'une dévaluation" du peso, et "la spéculation politique de l'opposition (de droite) qui veut amener la société au bord de l'asphyxie, afin d'assurer sa victoire" aux élections générales de 2023, a affirmé le dirigeant de la CGT Hector Daer.

La présence en masse de la CGT -dont certains secteurs avaient participé à des mobilisations ces derniers mois, contre le FMI notamment- est perçue par les observateurs comme un signal de mal-être généralisé face à l'érosion du pouvoir d'achat, jusque dans le camp des soutiens du pouvoir.

"L'inflation a atteint des niveaux intolérables qui pulvérisent le pouvoir d'achat de tous les travailleurs", déclarait un communiqué de la CGT avant la marche, évitant de critiquer le gouvernement mais estimant que "la gravité de la situation appelle des solutions urgentes et profondes".

A trois kilomètres, une autre manifestation sur la Plaza de Mayo, devant le siège de la présidence, a rassemblé quelques milliers de personnes à l'appel d'organisations de gauche radicale, critiques du gouvernement et de son accord avec le FMI sur la dette. Cet accord prévoit une discipline budgétaire accrue, tendant vers l'équilibre en 2025 (contre un déficit de 3% du PIB en 2021).

Des syndicats proches du pouvoir "dénoncent l'inflation, mais le gouvernement est complice, car il n'a rien fait", a déclaré à l'AFP Juan Carlos Giordano, dirigeant du Front de Gauche.

Ces organisations de gauche, à forte capacité de mobilisation de rue mais sans réel poids politique, réclament notamment une hausse drastique du salaire minimum, de 45.540 pesos (325 dollars au change officiel) à 105.000 pesos (744 dollars), et des primes pour les plus vulnérables.