Un homme observe les dégâts d'une maison lors des affrontements entre les forces paramilitaires de soutien rapide et l'armée à Khartoum / Photo: Reuters (Reuters)

Les affrontements entre les unités de l'armée fidèles au général Abdel Fattah el Bourhan et les Forces de réaction rapide (FSR), jusque-là alliées, ont fait au moins 185 morts et plus de 1.800 blessés, a indiqué l'émissaire de l'Onu au Soudan.

S'exprimant sur fond de bombardements et combats au sol à Khartoum ainsi que dans d'autres villes à travers le pays, Volker Perthes a déclaré par visioconférence à des journalistes qu'aucun des deux camps ne semblait disposé à négocier.

Il a annoncé un accord sur une trêve humanitaire de trois heures mais, selon les chaînes de télévision Al Jazeera et Al Arabiya, les affrontements se sont poursuivis en dépit des promesses en ce sens des camps rivaux.

L'Égypte et les Émirats arabes unis ont entamé des travaux distincts sur des propositions de cessez-le-feu, a-t-on appris de deux sources sécuritaires égyptiennes, sans que des avancées soient obtenues pour l'heure.

Alors que le Caire est le principal soutien étranger de l'armée soudanaise et se méfie de longue date de tout changement politique dans le pays, le président égyptien Abdel Fattah al Sissi a dit être en contact régulier avec l'armée et les FSR afin de "les encourager à accepter une trêve et épargner le sang du peuple soudanais".

Le G7 demande l'arrêt "immédiat" des combats au Soudan

Les diplomates en chef des pays du G7 ont appelé mardi à l'arrêt "immédiat" des combats au Soudan, où les affrontements entre l'armée régulière et des forces paramilitaires ont déjà fait près de 200 morts depuis samedi.

"Nous demandons instamment à toutes les parties de mettre immédiatement fin à la violence, de désamorcer les tensions et de rétablir un régime civil au Soudan", ont déclaré les ministres des Affaires étrangères des principaux pays industrialisés à l'issue de leur réunion au Japon.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est pour sa part entretenu mardi séparément avec les deux généraux rivaux luttant pour le pouvoir au Soudan et a insisté "sur l'urgence d'aboutir à un cessez-le-feu", selon son porte-parole Vedant Patel.

Un cessez-le-feu "permettrait de fournir l'aide humanitaire aux personnes affectées par les combats, de réunir des familles soudanaises (dispersées par les combats, NDLR) et d'assurer la sécurité des membres de la communauté internationale à Khartoum", selon les propos de M. Blinken rapportés par M. Patel dans une déclaration.

L'ambassadeur de l'UE agressé à son domicile

Le chef de la politique étrangère de l'UE a déclaré, lundi soir, que l'ambassadeur de l'Union européenne au Soudan, Aidan O'Hara, venait d'être agressé à son domicile.

"Il y a quelques heures, l'ambassadeur de l'UE au Soudan a été agressé dans sa propre résidence. Il s'agit d'une violation flagrante de la Convention de Vienne", a déclaré Josep Borrell sur Twitter.

Borrell a souligné que la sécurité des locaux diplomatiques et du personnel est "une responsabilité essentielle" des autorités soudanaises, ainsi qu'une obligation en vertu du droit international.

Ces affrontements, les plus violents depuis des décennies, ont été déclenchés par un désaccord sur l'intégration des FSR dans l'armée, nouvel épisode des tumultes du partage du pouvoir mis en place à la suite du coup d'État militaire de 2021, survenu deux ans après la chute de l'autocrate Omar el Béchir.

Abdel Fattah el Bourhan préside le Conseil souverain de transition du Soudan et a pour adjoint le chef des FSR, le général Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de "Hemedti" et qui a cultivé des liens avec plusieurs puissances étrangères dont les Émirats arabes unis et la Russie.

"Menace"

Annonçant avoir listé les FSR comme entité rebelle, Abdel Fattah el Bourhan a ordonné dans la journée la dissolution du groupe paramilitaire.

Des témoins ont rapporté des bombardements et des frappes menées par des avions de chasse dans différents points de Khartoum, peu habituée à de tels affrontements, et contre une base militaire à Bahri, située sur l'autre rive du Nil.

Les ponts reliant Khartoum à Bahri et Omdurman étaient bloqués par des véhicules blindés, de même que certaines routes menant à la capitale.

Un nuage de fumée s'élevait au-dessus du tarmac de l'aéroport international de Khartoum, secoué par des explosions, ont montré des images télévisées.

Des bureaux, écoles et stations-service de la capitale étaient fermés. Quatre grands hôpitaux ont indiqué avoir été endommagés, avec pour conséquence des opérations fortement ralenties voire à l'arrêt.

Les FSR ont dit avoir pris le contrôle d'un aéroport et de bases militaires, tandis que l'armée a assuré garder le contrôle de son siège à Khartoum en dépit de ce qu'elle a décrit comme des "affrontements limités" dans la zone.

Ces affrontements interviennent alors qu'un accord de transition vers un pouvoir civil, conclu sous médiation internationale, devait être formellement signé plus tôt ce mois-ci.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé que l'ambassadeur de l'Union européenne au Soudan avait été agressé lundi dans sa résidence, sans donner plus de précisions.

À Washington, la Maison blanche a déclaré n'avoir pas prévu pour l'heure d'évacuations du Soudan.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré qu'un cessez-le-feu immédiat était nécessaire. "Il y a une grande préoccupation partagée à propos des combats, de la violence ayant lieu au Soudan - la menace qu'ils représentent pour les civils, pour la nation soudanaise et, potentiellement, pour la région", a-t-il dit lors d'un déplacement au Japon.

Mettant en avant que la situation humanitaire, déjà précaire, avait empiré, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé à un retour au calme.

De nombreux programmes d'aides onusiens ont été interrompus par les affrontements, a fait savoir un haut représentant.

Agences