Les Forces vives de Gao avaient accordé un ultimatum de 72 heures aux forces françaises pour quitter définitivement la ville. (Reuters)

La Force française Barkhane a quitté, tôt lundi, la ville de Gao en direction du Niger, a indiqué l'état-major des armées françaises dans un communiqué.

“Ce jour, à 13h00 (heure de Paris), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger. Il provenait de la plateforme opérationnelle désert de Gao, transférée aux forces armées maliennes depuis ce matin”, a déclaré la même source.

D'après le communiqué, “conformément à la décision du président de la République française du 17 février 2022, la force Barkhane au Mali s'est réarticulée hors du pays, en moins de six mois et après 9 années de présence”.

“Ce défi militaire logistique majeur a été relevé, en bon ordre et en sécurité, ainsi qu'en totale transparence et en coordination avec l'ensemble des partenaires” a-t-il ajouté.

“La profonde transformation de l'opération Barkhane ne se réduit pas à la fin de sa présence sur le territoire malien. Dans une logique de co-construction, les armées françaises continuent le combat contre le terrorisme au Sahel, en coordination avec nos partenaires africains et internationaux” a souligné l'état-major des armées françaises.

“La France reste engagée”

“La France reste engagée au Sahel, dans le Golfe de Guinée et la région du lac Tchad avec tous les partenaires attachés à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme” a indiqué l’Elysée, dans un communiqué de presse confirmant le retrait des militaires français de l’Opération Barkhane au Mali.

La présidence française fait savoir que cette décision a été prise car “les conditions politiques et opérationnelles n'étaient plus réunies pour rester engagée au Mali” et que la France a ainsi “décidé, en concertation avec ses partenaires africains et européens, de réarticuler le dispositif de l'opération Barkhane en dehors du territoire malien”.

Il est précisé que “cette réarticulation a été effectuée en toute transparence avec les forces armées maliennes et avec les partenaires engagés” aux côtés de la France.

Emmanuel Macron “salue la réussite de cette manœuvre opérationnelle et logistique de retrait du Mali, (…) conduite selon le calendrier annoncé, sans cesser (le) combat contre les groupes terroristes et en augmentant de façon très importante (la) contribution à la sécurisation de l'Est de l'Europe”.

Le chef de l’État rend par la même occasion “hommage à l'engagement de tous les soldats qui, depuis neuf années, ont combattu les groupes armés terroristes sur la terre malienne”.

Macron “se rendra disponible à l’invitation de la CEDEAO cet automne afin de poursuivre cet engagement au côté de tous les États qui font le choix de la lutte contre le terrorisme et du respect de la stabilité et de la coexistence entre les communautés”.

Ultimatum de 72 heures

Pour rappel, les Forces vives de Gao avaient accordé, dimanche, un ultimatum de 72 heures aux forces françaises de l'opération Barkhane -qu'elles qualifient de ''parrain des terroristes au Mali''- pour quitter définitivement la ville lors d'une manifestation contre la présence française.

Elles ont dénoncé, en outre, l’attitude de la force Barkhane qui “apparaît comme le véritable parrain des terroristes au Mali”, avant de sommer la Minusma (Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali) de ne pas "servir de refuge aux éléments de Barkhane au Mali".

Par ailleurs, les Forces vives de Gao ont demandé “aux autorités maliennes de porter plainte contre les autorités françaises pour complicité dans l'attaque meurtrière de Tessit et toutes autres agressions meurtrières contre les populations et les forces de défense et de sécurité maliennes”, tout en exigeant “des autorités maliennes la clarification des missions des contingents étrangers composant la Minusma, et, à défaut, leur départ immédiat du Mali”.

Dans le cadre de la réarticulation hors des frontières du Mali, la Force Barkhane avait transféré aux Forces armées maliennes ses Bases opérationnelles avancées (BOA) de Ménaka, de Tessalit, de Kidal, de Tombouctou et de Gossi, dans le nord du Mali.

La crise entre Paris et Bamako a atteint son paroxysme lorsque le Mali a décidé, fin janvier 2022, d'expulser l'ambassadeur français à Bamako, Joël Meyer, suite à des propos virulents du chef de la diplomatie française à l'égard des autorités maliennes.

AA