Mobilisation pro-palestinienne sur le campus de l'université Columbia de New-York, le 22 avril 2024    / Photo : AA (AA)

La mobilisation actuelle sur les campus des plus prestigieuses universités américaines contre la guerre à Gaza rappelle le mouvement des étudiants contre la guerre au Vietnam, dès 1968. À chaque fois, l’épicentre de la contestation est l'université Columbia à New York.

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Les campus américains sont dans l’effervescence depuis une semaine. Une vague de manifestations, parties de l'université Columbia à New York, s’est propagée à plusieurs autres campus à travers le pays. Les étudiants protestent contre le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël, dans sa guerre contre les Palestiniens à Gaza. Ils soulignent les risques de génocide autant que l’ampleur des atrocités et tueries qui ont déjà dépassé le cap des 34 000 morts, d’après le ministère de la Santé à Gaza.

Une centaine d’étudiants ont été brièvement arrêtés, lundi, d’après la police new-yorkaise. Mercredi, 93 autres interpellations ont été enregistrées sur le campus de l’Université de Californie Sud, selon la police. Certains étudiants ont même été expulsés de leurs logements et accusés d’antisémitisme.

Craignant une détérioration de la situation, les responsables de l’université Columbia ont opté pour des cours à distance, en attendant le retour à la normale.

C’est dans ce contexte que Paul O'Brien, directeur exécutif d'Amnesty International aux États-Unis, a déclaré : “Toute mesure prise pour faire taire, harceler, menacer ou intimider ceux qui se rassemblent pacifiquement pour protester et s'exprimer est une violation de leurs droits”.

Il a ajouté que les protestations, notamment sur la question de Gaza, sont devenues “une question d'une extrême importance, alors que le gouvernement américain continue de fournir des armes à l'armée israélienne“, accusant Washington d'être “de plus en plus complice des atrocités commises contre les Palestiniens, chaque jour”.

Visitant l'université Columbia à Manhattan, le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé de faire appel à la garde nationale si la situation n'est pas maîtrisée rapidement.

Le déclic de 1968 à Columbia

L’intervention éventuelle de la garde nationale, une allusion qui rappelle des souvenirs douloureux inscrits dans la mémoire collective américaine.

Le 4 mai 1970, dans le contexte de la mobilisation estudiantine contre la guerre du Vietnam, la garde nationale de l’État de l'Ohio, avec le soutien de l’administration et de la classe politique, était intervenue sur le campus de Kent State. La répression fit quatre morts et neuf blessés. Un héritage douloureux qui nourrit la contestation actuelle à l'université Columbia, à New York.

L’embrasement du campus de Columbia en 1968 cristallisait les contradictions de la société américaine. Les étudiants, d’alors, rêvaient d’une société plus juste, débarrassée de racisme, d’inégalités criardes et surtout de la fin de la guerre coloniale menée au Vietnam, avec son lot d’atrocités.

Le mouvement estudiantin de 1968 avait remis en question l’espèce de consensus de cette époque. Le directeur du FBI redoutait même que les idées de gauche n’influencent la politique américaine, explique l’écrivain Juan Gonzalez. D’où la surveillance étroite à cette époque des mouvements de gauche.

Aujourd’hui aussi, le mouvement estudiantin américain remet en cause le consensus pro-israélien de la classe politique américaine. D’où les risques de répression sur les campus, avec la menace d’intervention de la garde nationale, sur fond d’accusations antisémites.


TRT Français et agences