Gorbatchev établit le bureau du Président de l'Union des républiques socialistes soviétiques en 1990 (AFP)

En termes de capacités militaires, d’immenses disparités existent évidemment entre l'Ukraine et la Russie. Mais en termes d'influence politique, plusieurs dirigeants ukrainiens marquèrent la vie politique de l’ex-URSS. L'Union soviétique régna entre 1922 et 1991 et, durant plus de la moitié de cette période, des leaders d'origine ukrainienne furent ses dirigeants.

Vladimir Poutine lui-même avait reconnu la puissante influence des Ukrainiens sur les Soviétiques : « Pendant la période soviétique, des natifs ukrainiens ont occupé des postes importants, y compris au sommet de l'État », avait-il écrit dans un article intitulé « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens » l'année dernière.

« Il suffit de rappeler que Nikita Khrouchtchev et Leonid Brejnev ont dirigé le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) pendant près de 30 ans », avait-il ajouté.

Au-delà du leadership soviétique, l'influence historique de l'Ukraine sur la Russie est claire et intangible, du fait que Kiev était la capitale du premier État russe de l'histoire, datant du 9ème siècle.

Ci-après une liste d'Ukrainiens qui dirigèrent, dans le passé, les Soviétiques à majorité russe :

Nikita Khrouchtchev

Né dans un village russe proche de la frontière ukrainienne, Khrouchtchev est né et a grandi dans l'est de l'Ukraine, gouvernée désormais par des rebelles pro-russes soutenus par Moscou.

Avec le temps, il devint le chef de la République socialiste soviétique d'Ukraine (RSS). Après la mort de Joseph Staline, il consolida le pouvoir et dirigea l'État soviétique entre 1953 et 1964.

Grand amoureux de l’Ukraine, il avait transféré l’administration régionale de la péninsule de Crimée de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) à la RSS d'Ukraine.

« Nikita Khrouchtchev aimait beaucoup l'Ukraine, donc je pense que dans une certaine mesure, c'était aussi un geste personnel envers sa république préférée. Il était ethniquement russe, mais il ressentait vraiment une grande affinité avec l'Ukraine », avait déclaré Nina Khrouchtcheva, arrière-petite-fille de l'ancien dirigeant soviétique.

Le transfert de la Crimée à l'Ukraine avait été une décision controversée, provoquant la colère de l'establishment russe, y compris de Poutine. « En 1954, la région de Crimée de la RSFSR a été remise à la RSS d'Ukraine, en violation flagrante des normes juridiques de l'époque », avait déclaré Poutine à propos de l'acte de Khrouchtchev, que ce dernier avait qualifié de « geste symbolique ».

Leonid Brejnev

Brejnev est né et a grandi dans le centre de l'Ukraine. Certains documents officiels soviétiques, comme son passeport, mentionnent également son appartenance ethnique comme ukrainienne. Brejnev était l'un des protégés de Khrouchtchev et a dirigé l'État soviétique entre 1964 et 1982, faisant de lui le deuxième dirigeant communiste le plus longtemps au pouvoir après Staline.

Sous sa direction, plusieurs Ukrainiens occupèrent de hautes fonctions, du ministère de la Défense au KGB. Au cours de son mandat, les Soviétiques atteignirent, en termes d'énergie nucléaire, un niveau égal à celui des États-Unis et l’influence de Moscou s’étendit en Europe centrale et orientale.

Constantin Tchernenko

Ukrainien ayant occupé également des postes supérieurs du pouvoir soviétique, Tchernenko dirigea l'État communiste pendant une brève période de 1984 à 1985.

Il gravit les échelons du Parti communiste avec l'aide d'un autre Ukrainien, Brejnev.

Mikhaïl Gorbatchev

Gorbatchev, dont la famille maternelle était d'origine ukrainienne venue de Tchernihiv, a succédé à Tchernenko en tant que Secrétaire général du Parti communiste soviétique au pouvoir.

Gorbatchev établit le bureau du Président de l'Union des républiques socialistes soviétiques en 1990, dont il fut le seul titulaire, supervisant la dissolution de la superpuissance communiste mondiale. Au total, il dirigea les Soviétiques de 1985 à 1991.

Alors que Gorbatchev est apprécié et loué dans le monde occidental et dans certaines anciennes républiques soviétiques pour ses politiques de glasnost (ouverture) et de perestroïka (reconstruction), il reste aujourd'hui une figure controversée en Russie.

Partisan réformiste et pro-démocratie, il a critiqué occasionnellement la politique de Poutine, décrivant le parti présidentiel « Russie unie » comme ayant « incarné les pires caractéristiques bureaucratiques du Parti communiste soviétique ».

Mais il croit aussi que Poutine est le meilleur homme pour la Russie. « Je suis absolument convaincu que Poutine protège les intérêts de la Russie mieux que quiconque », avait-il déclaré en 2014.

Il était aussi un critique de la politique russe de l'Occident, menée dans une attitude de « triomphalisme » selon lui. Il a averti le monde que les escalades ukrainiennes pourraient déclencher une nouvelle guerre froide, soulignant que l’escalade des tensions américano-russes était source de « grande inquiétude ».

L'Ukraine a interdit à Gorbatchev d’entrer dans le pays après que ce dernier a révélé son soutien à l'annexion de la Crimée par la Russie.

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