La fuite des cambrioleurs ayant dérobé des joyaux au Louvre en octobre aurait pu être empêchée "à 30 secondes près", a jugé mercredi un responsable de l'enquête administrative sur la sécurité du musée parisien, le plus fréquenté au monde.
Ses premières conclusions avaient révélé, selon la ministre de la Culture Rachida Dati, une "sous-estimation chronique" des risques de vols dans l'institution.
"A 30 secondes près, les agents de (la société de sécurité privée, NDLR) Securitas ou les policiers auraient pu empêcher la fuite des voleurs", a déclaré Noël Corbin, directeur de l'Inspection générale des affaires culturelles, devant la commission de la culture du Sénat, la chambre haute du Parlement français.
L'autre rapporteur de l'enquête, Pascal Mignerey, a souligné qu'une caméra extérieure avait "bien filmé l'arrivée des voleurs, l'installation de la nacelle, la montée des deux voleurs jusqu'au balcon et, quelques minutes plus tard, leur départ précipité".
Mais ces images n'ont pas été regardées en direct et lorsqu'un agent de la sécurité les a activées, "il était alors trop tard puisque les voleurs avaient quitté la galerie d'Apollon" où étaient exposés des joyaux de la Couronne, selon M. Corbin.
Il a par ailleurs souligné que les auteurs de l'enquête - diligentée par la ministre de la Culture pour faire la lumière sur les failles sécuritaires du musée - avaient été "très surpris" par "le problème de transmission des audits de sûreté" au sein du musée, notamment lors du changement à sa présidence en 2021 et l'arrivée de Laurence des Cars.
Symbole de ce manque de "mémoire", un audit réalisé en 2019 par le joaillier Van Cleef and Arpels, qui avait identifié toutes les faiblesses de la galerie d'Apollon, n'avait pas été porté à la connaissance de la nouvelle direction.
En introduction des auditions, le président de la commission, le sénateur Laurent Lafon, avait déclaré que le cambriolage "n'est pas un échec fortuit".
Il "n'est pas dû à l'accumulation d'un manque de chance, mais bien à des décisions qui n'ont pas été prises pour assurer la sécurité", alors que les failles "avaient toutes été identifiées par plusieurs travaux antérieurs aux résultats largement concordants", a-t-il affirmé.
Les auditions au Sénat, qui vont se poursuivre la semaine prochaine, interviennent dans un contexte toujours sombre pour le vénérable musée, créé pendant la Révolution française.
Après le vol spectaculaire le 19 octobre de huit joyaux du XIXe siècle, estimés à 88 millions d'euros, le Louvre a dû fermer le mois dernier l'une de ses galeries en raison d'avaries. Il est aussi confronté à un appel à la grève de ses agents à partir de lundi pour réclamer des créations de postes et la priorisation des travaux les plus urgents.















